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Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

vendredi 18 novembre 2016

LE "HARICOT"

Pour les valeurs fiduciaires, la sécurité et le contrôle ont toujours eu une très grande importance. Avant les rotatives, le papier nécessaire à l’impression des timbres-poste devait être compté et contrôlé par les services de l’Agent comptable avant d’être livré à l’atelier d’impression.

Plusieurs façons de faire ont été utilisées depuis le début des timbres-poste. Au début, un coup de tampon de contrôle a été apposé sur chaque feuille de papier avant sa livraison à l’atelier. L’impression des timbres ne pouvait se faire que sur des feuilles dûment tamponnées et contrôlées.



A partir de 1880, le coup de tampon a été remplacé par des perforations multiples sur les bords des feuilles. Au lieu de tamponner chaque feuille une par une, il était plus rapide de perforer un certain nombre de feuilles à chaque coup de levier de l’emporte-pièce, et même de faire plusieurs perforations sur les bords, à des endroits différents.




Au cours des années, il y a eu deux sortes de perforations, le losange remplaçant le triangle de chaque côté d’une perforation en forme de parenthèse et appelée « Haricot » par les imprimeurs.




Pour l’anecdote, les petits bouts de papier découpés restaient parfois entre les feuilles de papier du tirage et pouvaient tomber lors de la marge des feuilles sur la presse à cylindre et se retrouver collés sur la forme d’impression.




Le « Haricot » est encore en usage de nos jours pour les épreuves d’état à la réception du poinçon pour vérifier l’état de la gravure d’un timbre.

(Document Musée Postal)


Ce type de perforation de contrôle a été utilisé également autrefois pour les essais de couleurs en typographie, pour les épreuves de luxe et collectives en taille-douce et en typo.






Avec l’arrivée des rotatives typographiques alimentées par des bobines, ces perforations, valables pour une impression en feuilles, ne sont plus possibles. La numérotation continue des feuilles produites permet le contrôle et la sécurité des valeurs. Un coup de tampon spécial ou la signature d’un agent de l’Agence Comptable sur la bande de papier sur la rotative à chaque début et fin de journée remplace désormais la perforation sur le bord des feuilles.


mercredi 22 juin 2016

CINQ ANS DÉJA

Le 22 juin 2011 paraissait le premier article de ce blog. Depuis, beaucoup de sujets ont suivi et plus de 73700 visites de ces pages ont été enregistrées au cours de ces cinq années. Cela représente une partie de l'intérêt des internautes pour l'histoire de la fabrication des timbres-poste dans le monde et pour la France en particulier.

Une vingtaine d'internautes se sont abonnés. Certains adressent des commentaires, qu'ils en soient remerciés ainsi que ceux qui envoient régulièrement des messages et participent ainsi amicalement à la vie de ce blog.

Certains sujets ont été traités à la demande de lecteurs intéressés, il suffit d'en faire la suggestion pour d'autres sujets. Comme on disait dans les journaux, la suite au prochain numéro ...

A bientôt. Merci à tous.

lundi 16 mai 2016

DIFFÉRENCES DE GRAVURE

Sur le très intéressant forum américain http://www.stampcommunity.org/topic.asp?TOPIC_ID=48681&whichpage=5 certains membres s'interrogent sur les différences de ces timbres imprimés en 1946 et 1948 :


En 1946, ce timbre dessiné et gravé par Albert Decaris a la valeur de 10 francs comme le montre cette épreuve d'état.


Le poinçon original a servi pour deux nouvelles valeurs en 1948, mais avec des changements, non seulement la valeur, mais aussi RF remplacé par FRANCE.

Les philatélistes doivent savoir que le poinçon original gravé sur un bloc d'acier doux est durci, cémenté. Une empreinte en relief est obtenue sur une molette, elle aussi en acier doux, à son tour durcie.


(Documents ITVF)

Cette molette sert à reproduire la gravure du poinçon original sur un cylindre cliché en laiton ou en cuivre qui sera monté sur la presse taille-douce. Plusieurs cylindres peuvent ainsi être produits selon les besoins ou l'usure des clichés.


Pour un changement de valeur ou bien des modifications sur le timbre, une nouvelle molette avec une empreinte en relief est réalisée. Les parties du timbres qui doivent être changées sont arasées, enlevées du relief par le graveur. Cette molette, durcie, est utilisée pour obtenir une reproduction en creux sur un nouveau poinçon appelé "poinçon secondaire", mais sans les parties retirées. Cette façon de faire est utilisée pour éviter une nouvelle gravure entière du timbre sur un nouveau poinçon car un graveur, même le meilleur et le plus expérimenté, est incapable de graver deux fois le même trait au même endroit sans faire des différences. Sur ce poinçon est alors gravée la nouvelle valeur. Les modifications des nouveaux textes sont gravées à leur place.


Ce deuxième poinçon à 12 f a servi pour un troisième en enlevant le 12, pour une nouvelle valeur à 15 f. Ces changements ont sans doute était faits, non pas par Decaris, mais par un des graveurs de l'atelier, la forme des lettres a changé.

(Images recueillies sur le forum américain)

Mais des différences sont visibles dans la gravure du palais. On peut les expliquer de plusieurs façons : 

A chaque fois qu'on prend une empreinte par pression sur la presse à transfert, il y a une perte dans la gravure. Des traits sont plus faibles ou disparaissent. Les tailles de la gravure s'arrondissent. Un graveur doit intervenir pour regraver, renforcer certaines tailles plus profondément comme pour les traits entre France et Postes en haut du timbre.

Mais pour ce timbre à 15 f. l'encrage semble engraisser les traits du Palais, c'est très probablement cette encre rouge, qui à l'époque était plus difficile à essuyer sur les clichés par la matière du cylindre essuyeur, surtout dans ce sens de l'impression, ce qui donne ce résultat un peu lourd et bouché.



Albert Decaris avait un style de gravure exceptionnelle, reconnaissable entre tous du premier coup d'œil. Il a gravé plus de 500 timbres-poste.


jeudi 28 avril 2016

FAIBLE DIFFÉRENCE HÉLIO - OFFSET

L'article le plus consulté de ce blog est incontestablement celui-là :
http://blog-impressions-timbrees.blogspot.fr/2011/12/difference-helio-offset.html
Faire la différence entre l'impression offset et l'impression héliogravure a de l'importance pour distinguer certains timbres-poste.

Quand c'est une impression mixte taille-douce à feuilles (PTD4), on sait que l'impression des couleurs est en offset, comme pour ce timbre :


Il est aussi facile de lire dans la marge l'indicatif de la presse quand c'est une impression rotative.

Mais pour un timbre détaché, c'est devenu beaucoup plus difficile de reconnaître le type d'impression, surtout avec les nouveaux procédés de gravure des cylindres pour l'héliogravure et pour la fabrication des plaques pour l'offset.

Avec les procédés de reproduction photographiques d'autrefois, on pouvait distinguer les points carrés en héliogravure :


et les points ronds de grosseur différente en offset :


Maintenant avec le numérique et les machines à graver, qu'elles soient à pointe de diamant ou bien à laser, c'est beaucoup plus difficile de faire la différence, à l'oeil nu, n'y pensez pas, et même avec un très fort grossissement, comme ici avec un timbre scanné à 2400 dpi.

Impression hélio en 1997 

Impression offset en 2013


Et maintenant les nouvelles trames numériques imprimées en 400 dpi :


Trame Héliogravure


Trame Offset

Il faut maintenant y regarder à deux fois pour ne pas se tromper, et bien peu de philatélistes pourront le faire.

mardi 23 février 2016

SEMEUSES EN ORIGAMI

Sur son blog http://semeuse.blogspot.fr/ Semeuse13 cherche un spécialiste en origami pour ces timbres :


Pour ces timbres, l’Imprimerie des Timbres était Boulevard Brune à Paris, mais ce n’était plus la même façon de procéder qu’en 1875 à la Banque de France, pour produire les timbres-poste, comme l’indique l’article montré par Semeuse13 sur son blog. Les timbres n’étaient plus imprimés sur des presses à bras, mais des presses à cylindre beaucoup plus rapides, le gommage des timbres n’était plus fait à la main au pinceau mais avec une machine à gommer imaginée par M. Gaumel, chef d’atelier.

Source Gallica - BNF

C'est seulement après le gommage et le séchage, que les feuilles de 300 timbres étaient coupées en deux avec un « coupoir », devenu « massicot » du nom de son fabricant. Et c’est là une différence essentielle pour expliquer les plis des feuilles. Les feuilles sont coupées après le gommage et non avant.

Ce sont bien des enfants, des apprentis, qui font les manipulations pour la réception des feuilles après le gommage, et aussi pour le piquage des feuilles par 5 pour les mettre dans les machines à perforer, pratiquement les mêmes qu’en 1875.

Source Gallica - BNF

Mais leurs petites mains ne leur permettent pas de toujours bien tenir les paquets de feuilles gommées, un peu déformées après le séchage. Et il arrive souvent que la feuille du dessous du paquet prise par les doigts, ne se mette pas à plat, ou bien que la feuille du dessus du paquet précédent soit avec des coins qui se retournent, se plient ou se froissent au moment de la pose du paquet suivant.

L’exemple montré indique que la feuille a été coupée après le mauvais pli, ce qui laisse un timbre d’un coin de la feuille d’à côté. Cette feuille était sans doute au milieu d’un paquet, et ainsi prise sans être vue au milieu des 5 feuilles piquées ensemble sur le cadre de fer inséré dans la machine à perforer, et donnant ainsi ces lignes de perforage dans tous les sens, de "traviole", comme l'écrit Semeuse13.

C'est assez spectaculaire comme défaut, et probablement unique sous cette forme.

D'après ce qu’on peut voir comme exemples sur internet, cela arrivait assez souvent.




mercredi 20 janvier 2016

" CAMAÏEU "

Pour répondre à un correspondant qui souhaite avoir des informations au sujet de ce timbre :



Ce timbre français a été imprimé en "camaïeu" en 1959 par l’Imprimerie des Timbres-Poste à Paris.

Ce terme « Camaïeu » est impropre puisqu’il est utilisé en réalité pour une seule couleur en plusieurs tons, du clair au foncé, et non pour un ensemble de différentes couleurs obtenues par mélange.

En 1959, l’Imprimerie française utilise la rotative taille-douce "Chambon" qui ne dispose que de 3 éléments d’encrage pour un cylindre gravé avec une impression en un seul passage, avec des plages de couleurs distinctes et juxtaposées, comme on peut le voir ci-dessous.

 (Document ITVF)

Pour ce timbre, il a été utilisé la superposition de 3 couleurs : jaune, rouge et bleu. Bleu pour la valeur et le ciel, rouge pour la fleur en bas à droite. Les autres couleurs résultent de la superpositions de 2 couleurs différentes : jaune et rouge pour l’orangé de la fleur de gauche, jaune et bleu pour le vert des feuilles, rouge et bleu pour le violet de l’Arc, et peut-être même la superposition des 3 couleurs pour le brun des lignes du haut et du bas.

Habituellement pour les autres timbres produits en 3 couleurs, chaque rouleau toucheur est découpé pour déposer son encre sur les endroits prévus sans en dépasser les limites pour éviter qu’une couleur ne vienne polluer sa voisine, et même avec une extrême précision pour éviter le traînage à l’essuyage d’une couleur sur l’autre.

Pour ce timbre des Floralies parisiennes, les rouleaux toucheurs ont été découpés en laissant la matière pour obtenir soit la couleur pure, soit son mélange par la superposition avec une autre couleur. Ce qui donne cet effet de polychromie avec un seul passage pour un seul cliché taille-douce en creux. Le maître taille-doucier a dû être très adroit et très concentré sur le découpage des rouleaux pour ne rien oublier des superpositions.

Il devait être très expérimenté pour obtenir un tel résultat pour l’impression. C’est très difficile. Il a fallu une extrême précision pour le réglage des rouleaux toucheurs, leur pression sur le cylindre cliché, et le réglage des encriers. Plus ou moins d’une couleur sur une autre change totalement le résultat, ainsi que le réglage du cylindre essuyeur qui peut lui-aussi changer ce résultat en enlevant plus ou moins d’encre dans les tailles. Sans compter que le deuxième rouleau récupère l’encre du précédent et finit par polluer l’encre de son encrier pour en modifier la teinte. Il faut de temps en temps vider l’encrier pour en remplacer l’encre. Il y a eu beaucoup de variations dans les couleurs résultant de superpositions.

  
Pour un tirage normal, il y a un certain nombre de feuilles mal imprimées à chaque démarrage de la presse, à chaque changement de bobine papier ou changement de bobine de papier anti-maculage, pour certains réglages habituels, mais pour notre tirage des Floralies, les difficultés ont été additionnées et même multipliées, ce qui fait que pour ce tirage de plus de 127000 feuilles livrées, le pourcentage de feuilles éliminées a dû être très important. C’est probablement la raison qui explique que l’expérience n’a pas été renouvelée, sauf pour des tirages de faible quantité comme pour Monaco ou certains pays d’Asie.

 

   Pour ce timbre de Monaco imprimé dans les mêmes conditions :


On peut voir les 3 couleurs utilisées sur cet essai de couleurs : jaune en haut, rouge au milieu et bleu en bas, pour l’ordre des rouleaux sur la rotative


et sur la rangée du bas, les variétés de couleurs qui seraient possibles selon les découpages des rouleaux toucheurs.

Ces timbres ne sont pas les seuls réalisés selon ce procédé dit de "camaïeu". Pour les Etats-Unis, une autre machine est utilisée :



Après un premier essai en 1961 :


et en 1962 et 1964 :

 

Il ne semble pas qu’il y en ait eu d’autres ainsi après, sinon des timbres polychromes avec une impression mixte, hélio - taille-douce ou offset - taille-douce.

Il est possible que ce procédé ait pu être utilisé dans d’autres pays, à vous de le signaler dans un commentaire …