Pour les timbres-postes, la taille-douce n’est plus ce qu’elle était.
Le dernier timbre imprimé en TD6 en gravure traditionnelle
Avant, la gravure manuelle de l’artiste graveur était faite au burin, en creux, c’est-à-dire en trois dimensions. La gravure du poinçon, après cémentation, était transférée par pression sur une molette, petit cylindre d’acier doux, et on avait une empreinte en relief et à l’endroit de ce poinçon, et après une nouvelle cémentation, on pouvait reporter, par pression, cette empreinte à l’envers et en creux autant de fois que nécessaire sur une virole cuivrée et avoir une impression sur le papier, avec un relief dû au transfert mécanique et identique, reconnaissable et caractéristique de la taille-douce.
Transfert du poinçon sur la molette
transfert de la molette sur la virole
Il faut dire que les poinçons gravés manuellement sont de véritables œuvres d’art, par leur dessin, leur finesse de gravure, plus ou moins profonde, pour donner des dégradés extrêmement fins, tout cela dans un format de la grandeur d’un timbre.
Maintenant, la façon de procéder pour la multiplication de la gravure a changé.
Le poinçon est photographié, donc en deux dimensions, numérisé dans un fichier où l’on ajoute les signatures, multiplié numériquement, gravé en creux par une machine, à coups de pointe en diamant sur la virole. C’est une gravure numérique presque plate et sans sensibilité. On retrouve cette fadeur à l’impression.
Un autre procédé consiste à utiliser cette image numérique pour obtenir un film, l’insoler sur une plaque plastique, la mettre dans une machine à graver et obtenir une gravure du plastique en creux. Après argenture et cuivrage galvanique, on obtient une empreinte en relief qui à son tour est reproduite en creux, pour avoir une plaque en nickel qui sera montée sur le bloc de la presse.
Ce n’est plus de la gravure, c’est de la photogravure !
A la place du poinçon, on pourrait tout aussi bien utiliser un dessin agrandi représentant la gravure avec tout simplement des traits appropriés. On pourrait même utiliser un dessin fait directement par ordinateur, ce serait encore plus rapide, ou pourquoi pas une photo traitée avec un logiciel spécialisé, les textes et valeur ajoutés avec l’ordinateur. Sans savoir dessiner et encore moins graver avec un burin, avec quelques clics de souris, on pourrait imprimer un timbre en taille-douce ! La sécurité reconnue de la gravure fiduciaire en a pris un sérieux coup.
Les contrôleurs de gestion sont passés par là et ont du convaincre les dirigeants d'abandonner la TD traditionnelle en les titillant sur la corde sensible des économies et du résultat financier.
RépondreSupprimerOlivier (CDG)
La raison officielle serait que les nouveaux procédés sont plus écologiques (moins de produits dangereux voire maintenant interdits).
RépondreSupprimerC'est numérisé en 3D désormais...
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