Il me revient un souvenir du temps où j’étais tout
nouveau à l’Atelier du Timbre et où j’étais équipier sur une rotative
typographique imprimant des "Marianne Cheffer" 0,30 F.
Je ne connaissais pas encore tous les termes utilisés
dans les ateliers. Mon coéquipier du moment, plus ancien, m’annonce :
« Regarde, il y a un double picot ». Ne sachant pas ce que c'était, je n’ai rien vu.
Alors, il me montre entre la 9me et 10me rangée de timbres, un décalage du
perforage provoquant une dent étroite sur tout le travers. Et il part s’affairer
pour arranger le défaut. Sur le moment, je n’y ai pas prêté plus d’intérêt et
peu de temps après je travaillais sur une rotative taille-douce 3 couleurs.
(Extrait du site "La Marianne de Cheffer")
Devenu "cocher" sur ces mêmes rotatives
typographiques "Chambon", je remarquais ce même défaut que j’avais
rencontré quelques années plus tôt. Il y avait un "double picot".
Très intrigué et voulant y porter remède, je cherchais à
quel niveau de la machine se produisait le phénomène. Je voyais la bande de
papier se relâcher et se retendre régulièrement à chaque feuille. La tension
des cylindres d’appel était normale, l’impression paraissait normale également
et toutes les modifications ne faisaient aucun effet pour améliorer ce défaut.
J’observais aussi qu’entre le premier cylindre d’appel et
le cylindre d’impression de la figurine, la bande de papier se tendait et se
relâchait régulièrement au niveau des bandes entre les timbres.
Tout démontrait que le cylindre cliché enroulait
davantage de papier que les autres cylindres. Je démontais les bandes de
clichés des galvanos et je trouvais en dessous les mises entre "cuir et chair" et
il y en avait plusieurs épaisseurs, trois, voire plus. Il y en avait trop.
Après les avoir enlevées, et avoir fait des réglages d’épaisseur
et quelques retouches, après remise en route et ajout de pression
compensatoire, le double picot avait disparu !
Explications : certains imprimeurs chargés de la
confection des mises en train, plutôt que de faire des découpages collés sur le
cylindre de pression, préféraient coller ces découpages sous les galvanos du
cylindre clichés, entre "cuir et chair". Et d’en coller plus qu’il
n’en fallait, pour en fin de compte augmenter exagérément le diamètre du
cylindre, qui multiplié par 3,1416 c’est bien connu, et obtenir à l’impression un
entraînement du papier supérieur aux deux cylindres d’appel. Le papier est
légèrement élastique, mais il reprend sa tension normale à chaque fois que l’impression
se fait sur les bandes entre les galvanos, là où il y a moins de pression et où le papier glisse. Le
papier en reprenant sa place se trouve décalé par rapport aux précédentes
perforations et le perforage également, ce qui donne une dent plus étroite.
(Extrait du forum "Timbres de France" timbres-de-france.xooit.com)
Cette dent étroite se trouve à différents niveaux sur la
feuille en fonction de la distance entre le bloc de perforage et le bloc d’impression
de la figurine utilisé, c’est-à-dire entre la neuvième et la dixième rangée si
c’est le dernier bloc avant le perforage, ou au-dessus de la première rangée si
c’est le bloc situé encore avant comme pour ces timbres "Semeuse"
20 c. de 1926. On peut supposer que si la rotative utilisée n’avait que deux
blocs d’impression, c’est le premier qui a imprimé le timbre et le deuxième le
numéro en noir. Je suppose car je vous prie de croire que je n’y travaillais
pas cette année-là.
Scan transmis par Semeuse13 que je remercie. Allez voir son blog : semeuse.blogspot.fr
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