Les presses à cylindre de l’Atelier du Timbre, au 103
Boulevard Brune à Paris ont été utilisées pour l’impression des timbres-poste,
comme le montre cette photo prise en 1912.
Dans ces années-là, l’encrage de la forme était obtenu
avec des rouleaux en gélatine. L’invention de ces rouleaux est due à M. Gannal,
pharmacien, qui les composa en 1819, d’un mélange de sucre et de gélatine ou
colle forte, pour remplacer les balles de cuir ou les rouleaux habillés de
peaux de veau.
Les rouleaux sont constitués d’un axe métallique central, long de la
largeur de la presse, habillé d’un cylindre de bois recouvert par la gélatine.
Il fallait enrouler de la ficelle sur cette partie en bois, en croisant les
tours pour que la matière adhère convenablement et que le rouleau ne se dépouille
pas. Cette partie centrale du rouleau étaient centrée à l’intérieur d’un moule
du diamètre du rouleau à obtenir et de la longueur nécessaire, et pour laisser la place
pour 1 centimètre environ de matière souple autour du noyau en bois. Le diamètre varie selon si c’est
un distributeur ou un toucheur. La gélatine coupée en petits morceaux, était
fondue au bain-marie, avec plus ou moins de sucre selon les saisons, et versée
dans l’espace libre du moule préalablement huilé et réchauffé, et il fallait
éviter les bulles d’air qui auraient rendu le rouleau inutilisable, et pour
cela, il fallait taper légèrement sur le long du moule pour les faire remonter dans
la partie haute qui serait éliminée. Après le démoulage, le rouleau était
préparé à la bonne longueur, nettoyé, dégraissé et mis à sécher quelques jours.
Sur les presses "Alauzet" ou "Marinoni", la table d’encrage,
plate, est située juste à côté du marbre et de sa forme, et c’est le mouvement
de va-et-vient de l’ensemble qui assure l’encrage. Les rouleaux sont disposés
sur le bâti de la machine dans des sortes de râteliers qui les maintiennent en
place tout en les laissant libres. Les rouleaux distributeurs disposés en
biais, égalisent et répartissent l’encre sur la table à chaque passage, et
ainsi pour les rouleaux toucheurs qui se chargent de l’encre nécessaire et la
déposent sur la forme.
Les toucheurs sont équipés de galets du même diamètre que
les rouleaux qui doivent juste rouler sur la forme, sans pour autant
"plonger", c’est-à-dire appuyer trop fortement. Ils roulent librement sur
une bande de roulement en cuir, non grasse pour éviter les glissements, et
ajustée en hauteur avec des bandes de cartons. De tout cela dépend le bon
encrage, mais il y a beaucoup d’aléas.
(Les rouleaux "plongent" et essuient l'encre)
Cette matière gélatineuse très "amoureuse" de
l‘encre subit les variations hygrométriques et de température. Elle se rétracte
ou elle gonfle selon le temps et l’échauffement lors du tirage dans la journée.
Les défauts d’encrage vont de l’insuffisance de "touche" à l’excès. De
plus elle est fragile et se dégrade par le frottement ou un appui trop prolongé
lors d’un arrêt, avec un "plat" sur la longueur ou des marques qui peuvent se voir
à l’encrage.
Le défaut mentionné ici en fin par l’auteur de ce texte (Louis
Barrier, Essais sur les Semeuses, Le Bulletin Philatélique du Midi) n’existe
pas : le changement de sens de roulement se fait toujours en dehors de la
forme, même si on peut le décrire comme "coup de rouleaux", pour
des toucheurs trop bas ou avec un plat, ou devenus trop durs et secs.
(Coup de rouleaux)
La qualité de l’encre est déterminante. Pour une même
couleur, la quantité de pigments doit être égale, mais si l’on ajoute de
l’huile de lin pour la rendre plus fluide, (on dit plus "longue",
car l’encre qu’on laisse tomber de la spatule se rompt avec un filament plus
ou moins long) la teinte subira des variations, et une encre trop longue
laissera un effet de marbrure à l’impression. L’effet d’auréole grasse que l’on
peut voir parfois, provient plutôt d’un excès de pétrole rajouté à l’encre pour
éviter l’arrachement du papier avec une
encre trop sèche.
(Encre en excès à un moment et détails en blanc bouchés)
C’est toujours un encrage trop abondant qui bouche la
gravure des galvanos en laissant de l’encre dans les blancs. Il est vrai aussi
qu’une forme mal nettoyée peut conserver de l’encre sèche dans les tailles les
jours suivants et déformer ainsi le motif d’un timbre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire