Voici la suite 3 de cette série d'articles sur l'impression des timbres-poste tchèques écrits par M. Miroslav Vondřich (Extrait de la Revue Philatélique Tchèque FILATELIE 7/2004) et traduits par M. Florián Štěpánek
Le
cylindre hélio
Le cylindre hélio est essentiellement le même que celui de
l'impression en taille-douce, mais sa surface est
recouverte de 1 à 2 mm de cuivre. Cette couche doit être
parfaitement lisse, parce qu'une autre couche de cuivre, mais
seulement d’un dixième de millimètre d'épaisseur (en fonction du diamètre
requis) y est appliquée. Cette couche doit être soigneusement rectifiée et
polie. La gravure est effectuée uniquement sur cette couche.
Après un
tirage, la couche de cuivre est retirée du cylindre et une nouvelle couche est
appliquée par procédé galvanique, pour une autre gravure à l'eau forte. Les
cylindres sont normalement utilisés pour la production jusqu'à ce qu'ils
ne soient plus utilisables pour une raison quelconque. Pour la plupart, il
s'agit de la corrosion de leur surface intérieure en acier, qui
fait que ceux-ci ne sont plus placés précisément sur
l'arbre axial, ou ils sont mécaniquement endommagés irrémédiablement. La
durée moyenne de leur vie est différente, de 10 à 15 ans.
Le
traitement des cylindres hélio pour l'impression se fait de trois manières
différentes dans le monde aujourd'hui :
1/ par
la gravure classique à l'acide,
2/ par
l´emploi de la trame hélio spéciale dans les unités
d´insolation (flasheuse) où il est inutile d´insoler le papier charbon,
3/ par
la gravure automatisée contrôlée directement par l´ordinateur (il ne s´agit pas
exactement de gravure, mais de piqûres ou de brûlage au laser des points
d'impression individuels).
Parce
que les unités d'insolation (flasheuse) pour les ordinateurs ne connaissent pas
les demi-tons (mais seulement le noir et le blanc), on ne pouvait pas les
employer alors pour l'héliogravure. Après le milieu des années 60, ceci a été
rendu possible par la trame hélio
spéciale et par la trame
stochastique. Aujourd'hui la PTC Prague utilise la gravure classique à l´acide,
mais pas à travers le film en demi-teintes, mais précisément à
travers le film insolé avec une trame stochastique.
Qu'est-ce
qu'une trame stochastique? Si nous regardons une impression offset en couleurs,
il est possible de voir, même sous une faible loupe (même sans, avec
une bonne vue) des points individuels de couleur de tailles différentes (en
fonction de la densité de la tonalité) dans l'arrangement d´une sorte de
"petits bouquets". L'œil humain ne perçoit pas les points de couleur
individuels, mais le ton résultant de la couleur, qui est la somme du
nombre et de la taille des points d'impression d'une ou
plusieurs couleurs.
Pour
l´impression, on utilise dans la plupart des cas le repérage
de quatre couleurs, à savoir cyan (Cyan), magenta (Magenta),
jaune (Yellow en anglais) et noir (blacK en anglais); ce système est
communément appelé CMYK. Selon la qualité du papier sur lequel on imprime,
les points d'impression sont différents en taille et en densité – généralement
dans les 40 à 100 points par centimètre. Les couleurs individuelles ont un
dégradé différent, bien défini, des points d'impression.
La
trame stochastique est beaucoup plus subtile. Chaque
point (100 par cm) est en outre divisé en neuf petits
points. Dans ces neuf points, une certaine combinaison de couleurs est
créée par les quatre couleurs (de nouveau en fonction de la densité et du
coloris de chaque point). Les points sont si fins que, après l'impression, il n´est
plus possible de les percevoir (en considérant leur « imprégnation » minimale
sur la surface du papier) même sous la loupe. On peut déjà utiliser une
trame aussi fine pour l'impression hélio, car le résultat dépend
essentiellement du film en demi-teinte. Pour l´héliogravure (à la différence de
l´offset ou de la typographie), on n´imprime pas les points individuels de couleur
séparément, mais l´un sur l'autre, la transparence
des encres hélio le permet. Le nom lui-même "trame" tire son origine de
l´emploi d'une plaque de verre avec la trame gravée, qui agit, selon
l'intensité de la lumière, comme une surface de petites loupes séparées,
capables de décomposer le film en demi-teintes en points individuels
d'impression, avec des tailles différentes, en fonction de leur
saturation.
La
gravure à l´eau forte
Avant
la gravure, le technicien doit préparer le papier charbon
(« pigment paper » en anglais) et les bains nécessaires. Le
papier charbon est un papier muni d´une couche photosensible, qui
après une insolation et un lavage, crée une sorte de relief qui, pendant la
gravure à l´acide du cylindre, détermine la profondeur de chaque alvéole de la
trame. Du rouleau de papier charbon, le technicien coupe au format le nombre de
feuilles nécessaires et les laisse s’équilibrer à la température de
fonctionnement. Avant le travail, il faut plupart des matériaux multicouches (film, papier adhésif et ainsi de suite) est sensible à la température et l'humidité de l´air. Les couches
dans ce cas, sont différemment sensibles, provoquant la torsion et
l'instabilité dimensionnelle.
Sur le papier
charbon "équilibré", le technicien insole tout d´abord la trame
hélio où sont des lignes à un angle de 45° dans les deux
sens - une sorte de réseau de lignes, dont le but principal est de
tenir la racle sur le cylindre d'impression. Puis il insole l´image du timbre en
demi-teinte. Le papier charbon ainsi insolé est enroulé sur le cylindre hélio
préparé, dans une machine spéciale. Il faut travailler très soigneusement, car le
papier charbon est très délicat non seulement aux changements de la température
et de l'humidité, mais aussi à la pression sur la machine de
transfert. Avec la force variable de la pression latérale, il est possible de faire
quelques corrections pendant l'enroulement du rouleau de papier
charbon. Si tout va bien, le cylindre est placé dans une autre machine, où
le support de la couche photosensible est arrosé et la partie des points
individuels de la trame est lavée en fonction de son insolation. Après
le séchage, et la vérification optique de la précision du transfert, le cylindre
est gravé à l´acide dans une autre machine. Si pour une raison,
il y a une imprécision du transfert, l’opération doit être
répétée.
La
gravure à l´acide du cylindre est contrôlée par une gamme sur le bord de la
feuille d'impression. La gravure peut être effectuée dans un écart limité
de contraste. Cependant, cette gamme, doit être commencée par l´insolation du papier
charbon avec un contraste plus élevé (plus dur). Le processus est clairement
visible sur l´impression, où les faibles tonalités (1 - ...)
n´impriment pratiquement pas, tandis qu´à partir du champ 7 ou 8 la teinte
est pleinement en vigueur. Une gravure plus dure est appliquée principalement pour
les inscriptions imprimées par héliogravure. Malgré tous les procédés
utilisés, du point de vue technologique et bien décrits, la gravure à
l´acide des cylindres hélio est un peu de l'alchimie et exige avant
tout une certaine expérience.
Le
technicien inspecte le cylindre hélio gravé et fait les corrections
nécessaires. Elles consistent principalement en piquage de certains points, le
lissage ou le polissage d'autres parties afin que tout le cylindre possède les
mêmes caractéristiques sur tous les timbres. Après ces ajustements, le cylindre
est chromé et il est prêt à imprimer. Un nouveau cylindre hélio (comme
un cylindre taille-douce) n'est gravé à l'eau forte que dans les cas où les
qualités d'impression (l'étendue ou la profondeur de la gravure) ne correspondent
pas à la maquette du timbre, des dommages mécaniques se produisent, et
ainsi de suite. Habituellement, une correction est nécessaire à partir du
traitement chromatique. En pratique, cela signifie de répéter tout le processus, généralement
avec une nouvelle épreuve d'impression et le déchiquetage des
feuilles déjà imprimées.
Pour
commencer à travailler sur un timbre, l'imprimerie doit disposer de sa gravure,
son épreuve, sa maquette et ce qui concerne l'ajustement spécifique de la
feuille d'impression (feuillets, carnets ou vignettes) et même la répartition sur
la feuille. La préparation de la production de timbres est exigeante non
seulement pour la qualité du travail dans tous les ateliers de l'imprimerie, mais
aussi pour le temps. Pour vous donner une idée, la préparation d´un seul timbre
en cinq couleurs prend environ deux semaines, sans le traitement chromatique qui est
habituellement fait à l’avance.
L´impression
Les
cylindres préparés dans l'atelier de moletage et dans celui de la gravure
sont transportés vers la salle des machines d'impression, où on a aussi apporté
un perforateur spécifique (approprié pour perforer la feuille
d'impression), la maquette du timbre avec l´indication des encres utilisées (selon
le catalogue de couleurs Pantone) et d'autres informations techniques
nécessaires pour la commande (tirage, les délais, et ainsi de
suite).
Presse WIFAG
Les
machines d'impression rotatives WIFAG sont des machines spéciales pour imprimer
des timbres-poste et des produits similaires (timbres fiscaux,
étiquettes). La WIFAG 2 comprend
trois unités d'héliogravure et une unité d'impression taille-douce, par
conséquent, elle peut imprimer les timbres avec un maximum de quatre couleurs.
La WIFAG 3 est équipée de quatre unités d'héliogravure et une unité
d'impression taille-douce, par conséquent, elle peut imprimer cinq couleurs. On
imprime sur du papier gommé fourni en bobines. Du dispositif de
déroulement de la bobine, le papier passe tout d´abord par les sections d´impression
hélio, puis par celle d'impression taille-douce; ensuite il est pourvu du numéro
de la feuille et de la date de l'impression, il est perforé
et découpé en feuilles individuelles.
Quand
il reste une quantité minimale de papier sur la bobine, l'impression est
arrêtée et la bande de papier est coupée. Ensuite, une nouvelle bobine est
chargée et la nouvelle bande de papier est collée à la fin de la coupure. Le
papier est passé lentement dans la machine et, après un nouveau repérage, l'impression
peut continuer.
Les
cylindres hélio sont partiellement immergés dans l´encre dont la viscosité est très
faible; l´essuyage est effectué par une lame en acier (racle); il est
possible, en fonction des besoins, de l´aiguiser diversement, de l´incliner
et la presser avec une force plus ou moins grande sur le cylindre. Le cylindre de
contre-pression (dit "presseur") agit contre la virole; ainsi, il
est possible d'ajuster même la pression des cylindres entre lesquels passe le papier.
Un mauvais
chromage (chrome rugueux) ne permet pas un essuyage parfait de la couleur et
cette couleur apparaît alors avec une intensité diverse (habituellement très faible),
même dans des endroits où elle ne doit pas se trouver. L'ajustement mutuel (dit
repérage) des couleurs est effectué latéralement par un déplacement du cylindre
d'impression et longitudinalement par un allongement ou un raccourcissement de la
longueur du papier entre les unités d'impression. Les couleurs individuelles sont
disposées dans la machine, comme déjà décrit, principalement par la nécessité
du repérage, mais également selon la couleur souhaitée. Par exemple, la
superposition du jaune sur le bleu donne une teinte différente de celle
créée par la superposition du bleu sur le jaune.
Contrairement
à l'encre d'impression hélio, l'encre d'impression en taille-douce est épaisse.
Elle est appliquée sur le cylindre d'acier par les rouleaux encreurs et essuyée
grossièrement par du papier et complètement par du tissu d'essuyage. Pendant l'essuyage,
l'encre est tout d'abord enfoncée dans les creux moletés de la gravure, puis elle
est essuyée de la surface du cylindre. Le papier et le tissu avancent en
sens contraire de la rotation du cylindre et ils se déplacent même latéralement,
créant ainsi ce qui ressemble à une ligne sinueuse sur le cylindre. En cas de
surface rugueuse du chrome, l'encre est mal essuyée et une partie de celle-ci peut
être imprimée, en particulier sur les bords du papier. Le cours de
l'essuyage en forme de la lettre s a aussi pour résultat que des
défauts de faible profondeur, transférés au cylindre par la
molette, (peut-être même provenant de la gravure), sont selon la direction du
mouvement du tissu d'essuyage à ce moment, essuyés parfaitement ou au
contraire, l'encre y est enfoncée. Ces défauts de cliché ont
approximativement la même forme et la même distribution sur le timbre, mais
ils sont distribués différemment sur la feuille (même sur
d'autres feuilles).
La
pression est transmise par le cylindre de contre-pression à travers le feutre. L'importance
du feutre est dans l'égalisation de la pression et
"l'enlèvement" de l'encre de la gravure. Le conducteur de la presse
ajuste tout d'abord l'impression du cylindre en acier (le coloris, la
saturation). Puis, en regardant le cours de la bande du papier imprimé, il
ajuste le repérage des autres couleurs. Le repérage achevé, il règle la machine
à la surveillance automatique de celle-ci. Cette opération doit généralement
être répétée plusieurs fois par jour, toujours après l'arrêt de la
machine; elle est nécessaire après le remplacement du papier
d'impression, du papier ou du tissu d'essuyage ou après d'autres arrêts
techniques (encre, perforateur, couteaux).
Chaque fois
qu'on démarre la machine, l'impression en taille-douce sur du papier sort en blanc
tout d'abord de la presse. Cela ne se produit qu'au moment où le papier imprimé
en héliogravure a fini son chemin à partir des cylindres hélio et à
travers le cylindre taille-douce. Puis les encres hélio individuelles sont
ajoutées. Progressivement celles-ci complètent l'image taille-douce. Quand
une feuille avec une couleur non imprimée passe le contrôle par erreur, il s'agit
souvent de la première couleur imprimée – surtout dans le cas où il y
a "seulement" une petite extension de couleurs qui n’interfère pas
avec l'image du timbre même. Malheureusement, il y a souvent la valeur
nominale.
De l’élément
taille-douce, le papier revient au début (du point de vue du conducteur en
fin) de la machine. Le papier est conduit à la partie supérieure de la machine où
la couleur est partiellement séchée. Les feuilles sont numérotées avant la fin du
parcours; les numéros des feuilles sont continus et ils ne sont pas remis à
000001 pour chaque commande. Il s'agit des numéros qui sont utilisés pour contrôler
le nombre des feuilles imprimées dans la machine (même le papier blanc est aussi numéroté). Chaque jour, on donne une
nouvelle date. On peut déplacer les numéroteurs latéralement, même si leur emplacement
est presque toujours le même, il ne s'agit pas d'une règle.
20 000 à 25 000 feuilles sont imprimées par l'équipe, selon les
difficultés.
(A suivre)
La suite de cette série d'articles sur l'impression des timbres tchèques sera à suivre sur ce blog dans les prochains jours.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire