Voici la suite 5 de cette série d'articles sur l'impression des timbres-poste tchèques écrits par M. Miroslav Vondřich (Extrait de la Revue Philatélique Tchèque FILATELIE 9/2004) et traduits par M. Florián Štěpánek.
Les
défauts de clichés en héliogravure
Pour
les défauts de clichés produits pour la partie hélio, il est beaucoup de plus
difficile d’établir leur origine. Ils peuvent provenir soit du développement
des films dans la développeuse et pendant le transfert sur le cylindre, soit d’un
défaut du cylindre même, éventuellement sur la machine d´impression.
Le plus souvent, il s'agit de petits emplacements contenant une couleur
différente. Il s'agit soit d’une couleur échappée, soit d'une autre couleur
imprimée.
Pour une petite tache de couleur imprimée, ce défaut provient pour la
plupart des cas d'une salissure sur le film (un reste du fixateur mal
éliminé, de graisse, etc.), d'une salissure sur le support de montage ou
sur le papier charbon, éventuellement sur la table lumineuse pendant le
transfert de la trame ou des montages de film. Si au contraire, dans un emplacement,
une certaine couleur manque, il s'agit dans la plupart des cas, d´une tache de
graisse ou d'une autre tache sur le cylindre avant le transfert du papier
charbon. On répare les petits manques de couleur par un piquage à la main,
tandis que les endroits de couleurs inadaptés sont effacés.
Parfois, on trouve des lignes de couleurs dans le sens de l'impression du timbre. Celles-ci
sont produites habituellement par l'altération du tranchant de la lame
d'essuyage (racle). Quelquefois, il arrive qu'une impureté se trouve entre la
racle et le cylindre et empêche la lame d'adhérer au cylindre. Si le tranchant
est abîmé, il faut aiguiser la racle à nouveau.
Ce qui est caractéristique pour les défauts de mauvais chromage, ce sont les
traces d'une ou plusieurs couleurs sur divers endroits des timbres dans la
feuille qu'on trouve surtout au début d'impression. On les enlève d'habitude
par repolissage du cylindre, éventuellement par un rechromage.
Il arrive souvent que les timbres sur la feuille d'impression ne soient pas
repérés dans le sens diagonal. Ce défaut se produit soit par un montage
défectueux, par un cylindre mal ajusté (le cylindre a un diamètre plus petit
sur un côté) soit par le papier d'impression qui n'a pas la même épaisseur
sur toute la largeur, soit le papier est déplacé d'un côté sur l'autre par les
unités d'impression de la machine, et dont le parcours n'est pas
droit. Il faut juger de ces défauts d'après les couleurs qui ne sont pas en
place et dans quelle mesure ce défaut est prononcé.
II - Taille-douce
à plat
Cette
méthode d'impression de timbres-poste est unique dans le monde entier. Ses
résultats sont d'excellente qualité surtout du point de vue artistique et les
timbres imprimés par cette technologie remportent régulièrement les prix
d'excellence à toutes les expositions dans le monde.
La
préparation de ce procédé de production ressemble beaucoup à celle de la
taille-douce rotative. La copie "pâle" pour la taille-douce à plat
est produite de la même manière que celle pour l'impression rotative. Bien des
fois, le projet n'est pas une maquette créée par le dessinateur du timbre mais
une reproduction d'une œuvre qui sera transposée sur un timbre. Cependant
la tâche du graveur est beaucoup plus exigeante quant au dessin détaillé parce
que le graveur doit prendre en considération la distribution des
couleurs, leur dispersion, leur mélange. Le dessin détaillé est unique pour
toutes les couleurs. Celui-ci est copié de la même manière, comme pour
l'impression rotative, sur autant de plaques d'acier qu´il y a d'encres à
imprimer pour le timbre. Habituellement plus profondes que celles pour la
rotative, les gravures sont vérifiées dans l'imprimerie. Avec celles-ci, le
graveur contrôle les épreuves des couleurs individuelles et leur repérage.
C'est important pour le mélange des couleurs afin que le repérage final
corresponde bien au projet et à l'intention du graveur.
Le moletage, la plaque
d´impression
Les molettes sont produites, de nouveau, de la même manière que celles pour
l'impression rotative. Pour s'en faire une idée, une molette peut contenir
trois empreintes des timbres type Art ou quatre empreintes des timbres type
Beautés de la patrie.
Presse taille-douce à plat Heim
Vue de la presse Heim
Moletage de la plaque
On molette des plaques de format 160 x 300 mm,
c'est-à-dire deux couleurs sur une plaque. Avec ce format, on peut mieux
ajuster la plaque, latéralement (et verticalement) pour l’orientation dans
la machine à moleter. Après le moletage, il faut dans la plupart des cas
aplanir la plaque car elle est normalement courbée sous la pression. On
teste la force de la pression sur le bord de la plaque et cette partie est
coupée après le moletage. La plaque moletée est ensuite inspectée et si tout
est bien transféré, on la coupe en deux. Avant l´impression, les plaques sont
seulement chromées. En moletant, le technicien doit décider dans quel sens moleter
les timbres. La plaque s’est naturellement allongée sous la pression de la
molette et si un remoletage est nécessaire, un doublage du dessin peut se
produire (ce qui arrive tout de même quelquefois). Cette décision du technicien
est même importante pour le placement de la molette dans le timbre à remoleter.
Même là, la molette n´est mise en place que par le sens du toucher sans aucune
possibilité de contrôle optique, c´est-à-dire dans un endroit où les lignes de
la gravure permettent à la molette de s'agripper au mieux dans le timbre déjà
moleté.
Une épreuve est effectuée pour les couleurs individuelles dans l'ordre
décidé par le graveur. C'est lui qui approuve les couleurs particulières.
Seulement avec la dernière couleur, celle du trait (habituellement le noir ou
une autre couleur foncée), l'épreuve est effectuée en présence d'un représentant
de la Poste et après son approbation, l'impression peut commencer en production.
Au cours de l'exécution de l´épreuve, on fait des ajustements des plaques
d´impression, par exemple, le remoletage de la plaque entière sur le chromage,
le remoletage avec une certaine inclinaison de la molette (au besoin, un côté du timbre
est moleté plus fortement), éventuellement le graveur même corrige diversement
la plaque d’impression.
L´impression
On tire les couleurs les unes après les autres dans l'ordre décidé par le
graveur, mais à cause des possibilités d'emmagasinage, on ne tire jamais
qu'une partie du tirage. Les feuilles sont disposées de sorte qu'elles ne se touchent
pas l'une sur l'autre car l'encre du tirage doit sécher au moins 12 heures. Cela
nécessite un espace d'emmagasinage relativement considérable. Ce qui est
typique pour la taille-douce c'est un relief formé par l'encre épaisse qui ne
pénètre pas dans le papier. Mais ce caractère fondamental de la taille-douce ne
permettrait pas le repérage des couleurs, car chaque plaque suivante avec une
autre encre ne pourrait pas arriver jusqu'au papier. C´est pourquoi il faut
ajuster les encres imprimées en premier de sorte qu'elles pénètrent dans le
papier et ne forment pas de reliefs (il y a des difficultés avec le papier
qui n'est pas assez satiné et l'encre peut y passer au travers). Le relief est formé par
l'encre du trait venant en dernier, pour la plupart le noir. Un grand danger
pendant l'impression est la variation de la température et de l'humidité de
l´air. Ces facteurs influencent considérablement la stabilité dimensionnelle du
papier, ce qui se manifeste dans l'impression immédiatement. On risque un autre
éventuel martelage des plaques d'impression pour obtenir le repérage des
couleurs, mais ensuite une difficulté inverse peut naître pour la partie du
tirage suivant, c'est-à-dire, il faudrait réduire la plaque d'impression, ce
qui n'est plus possible.
La presse Wait and Saville
Il est utile que le tirage entier soit imprimé
sur la même machine et, en plus, que les parties soient imprimées toujours
par la même équipe. Le papier est margé dans la machine à la main et il
est poussé jusqu'aux repères fixes (appelés "taquets" dans le jargon
des imprimeurs), qui déterminent la position précise au moment de l´impression.
Chaque margeuse a une certaine façon de travailler (bien qu´on ne puisse pas le
discerner à première vue). En plus, il faut qu´elle ait le sens du rythme et
une grande aptitude pour mettre le papier dans la presse avec une précision
absolue. Quand, pour quelque raison, (par exemple une maladie), il est
impossible que la même margeuse finisse toutes les couleurs du tirage, il y a
presque toujours des difficultés de repérage.
Les encres individuelles, comme j'ai déjà dit, sont superposées selon les
épreuves du graveur et, bien des fois, c´est seulement après le repérage final
de toutes les couleurs que les encres sont ajustées (naturellement, suivant
la décision du graveur et en présence du représentant de la Poste tchèque). On
change leur ton ou leur intensité, quelquefois même leur ordre. Ceci est
causé par le procédé différent d'impression sur les machines d'impression,
distinctes de celle utilisée par le graveur pour produire ses épreuves. En ce
cas, la différence la plus importante se trouve sur le mode d´essuyage des poinçons
chez le graveur et celui des plaques d´impression dans la presse (les plaques
sont essuyées par du papier à travers un support souple). Le poinçon est aussi un
peu différent de la plaque d'impression. Le transfert sur la molette et de là
sur la plaque d'impression cause une certaine perte de finesse et d'épaisseur
des traits et points. Les encres pour la taille-douce à plat sont les mêmes que
pour la taille-douce rotative.
Tandis qu'avec l'impression rotative le transfert de pression de la virole
est effectué à travers un feutre, avec l'impression à plat on utilise une sorte
de mise en train. Il s'agit d´un carton ou un autre matériau similaire, épais
mais souple, de la surface duquel on amincit la matière pour les endroits non
imprimant. Les traits et points qui doivent imprimer restent sur le carton en
pleine hauteur, le reste en est enlevé. Toute la mise en train est collée
sur la plaque d´acier de contre-pression. Ici, certains défauts de la plaque
peuvent se produire. Si, peut-être par mégarde, quelque trait qui doit imprimer
est coupé pour un des timbres, ou la mise est collée inexactement,
éventuellement elle est déplacée par la pression, la partie de la gravure qui
manque de pression n'est pas imprimée. Le découpage d'une partie de la mise en
train est naturellement utilisé aussi pour enlever quelque partie de la
gravure. Mais en ce cas, il s'agit des œuvres d'inspiration libre ou des
produits gravés commercialisables. On ne se sert de cette solution dans la
production des timbres-poste que tout à fait exceptionnellement. Naturellement,
on coupe toujours les croix de repère.
La
perforation
Après l'impression du tirage, les feuilles sont perforées. Pour les
timbres, on utilise les blocs de perforateurs (pour la dentelure en
herse) qui perforent toute la feuille d'impression (de guichet) à la fois. (Il y
a aussi des perforateurs dits de « jardinet » qui perforent une
rangée horizontale et deux rangées verticales ou à l'inverse - selon le format
du timbre, la dernière rangée reste ouverte.
A la PTC, on perfore de cette façon des étiquettes diverses, etc. mais
on peut même les utiliser pour la perforation des timbres imprimés seulement en
offset). On perfore de trois jusqu'à cinq feuilles à la fois, selon la qualité
du papier et l'état technique du perforateur (pas seulement des aiguilles).
Les perforateurs de base sont pour les timbres de format 19 x 23 mm et leur
multiples, c´est-á-dire 23 x 40 mm et 40 x 50 mm, puis les perforateurs pour les
timbres de format 26 x 40 mm en deux types : soit deux blocs de quatre, soit
deux bandes de trois, et les perforateurs pour les timbres de format 23 x 30
mm. Voici un aperçu des perforateurs dans une table :
Format du timbre: Format de perforateur:
Type de perforateur:
19 x 23
mm
22,2 x 27,2
mm bloc
de 20
40 x 23
mm
44,4 x 27,2
mm
bloc de 10
40 x 50
mm
44,4 x 54,4
mm bloc
de 4 + (2) espaces blancs
23 x 30
mm
27,2 x 34,2
mm
bloc de 10
26 x 40
mm 30,5
x 44,4
mm
2 x bande de 3
26 x 40
mm
30,5 x 44,4
mm 2
x bloc de 4
Il y a aussi d'autres perforateurs (de diverses grandeurs de perforation)
produits pour certaines émissions (Intercosmos, etc.), mais je ne possède pas
leurs dimensions précises. La dernière fois, un tel perforateur a été
utilisé pour perforer la feuille de l'exposition PRAGA 98 (réplique des timbres
de la première république gravée par Bedřich Housa).
Commentaires de Papy24 : L'impression de ces timbres en taille-douce à plat demande une grande expérience, aussi bien dans l'ajustement et le repérage des couleurs, (en martelant au dos de la plaque) que dans la marge des feuilles à la main sur ce type de presse.
Il est amusant de lire cet appellation "dit de jardinet" impossible de traduire autrement pour ce type de perforage sur 3 côtés, type de perforage inventé à l'origine par l'anglais Archer pour les timbres britanniques
(A suivre)
Il est amusant de lire cet appellation "dit de jardinet" impossible de traduire autrement pour ce type de perforage sur 3 côtés, type de perforage inventé à l'origine par l'anglais Archer pour les timbres britanniques
La suite de cette série d'articles sur l'impression des timbres tchèques sera à suivre sur ce blog dans les prochains jours.
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