BIENVENUE

Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

mercredi 27 mai 2015

DE LA GRAVURE AU TIMBRE (5)

Voici la suite 5 de cette série d'articles sur l'impression des timbres-poste tchèques écrits par MMiroslav Vondřich  (Extrait de la Revue Philatélique Tchèque FILATELIE 9/2004) et traduits par M. FloriáŠtěpánek.


Les défauts de clichés en héliogravure

Pour les défauts de clichés produits pour la partie hélio, il est beaucoup de plus difficile d’établir leur origine. Ils peuvent provenir soit du développement des films dans la développeuse et pendant le transfert sur le cylindre, soit d’un défaut du cylindre même, éventuellement sur la machine d´impression.

Le plus souvent, il s'agit de petits emplacements contenant une couleur différente. Il s'agit soit d’une couleur échappée, soit d'une autre couleur imprimée.

Pour une petite tache de couleur imprimée, ce défaut provient pour la plupart des cas d'une salissure sur le film (un reste du fixateur mal éliminé, de graisse, etc.), d'une salissure sur le support de montage ou sur le papier charbon, éventuellement sur la table lumineuse pendant le transfert de la trame ou des montages de film. Si au contraire, dans un emplacement, une certaine couleur manque, il s'agit dans la plupart des cas, d´une tache de graisse ou d'une autre tache sur le cylindre avant le transfert du papier charbon. On répare les petits manques de couleur par un piquage à la main, tandis que les endroits de couleurs inadaptés sont effacés.

Parfois, on trouve des lignes de couleurs dans le sens de l'impression du timbre. Celles-ci sont produites habituellement par l'altération du tranchant de la lame d'essuyage (racle). Quelquefois, il arrive qu'une impureté se trouve entre la racle et le cylindre et empêche la lame d'adhérer au cylindre. Si le tranchant est abîmé, il faut aiguiser la racle à nouveau.

Ce qui est caractéristique pour les défauts de mauvais chromage, ce sont les traces d'une ou plusieurs couleurs sur divers endroits des timbres dans la feuille qu'on trouve surtout au début d'impression. On les enlève d'habitude par repolissage du cylindre, éventuellement par un rechromage.

Il arrive souvent que les timbres sur la feuille d'impression ne soient pas repérés dans le sens diagonal. Ce défaut se produit soit par un montage défectueux, par un cylindre mal ajusté (le cylindre a un diamètre plus petit sur un côté) soit par le papier d'impression qui n'a pas la même épaisseur sur toute la largeur, soit le papier est déplacé d'un côté sur l'autre par les unités d'impression de la machine, et dont le parcours n'est pas droit. Il faut juger de ces défauts d'après les couleurs qui ne sont pas en place et dans quelle mesure ce défaut est prononcé.

II - Taille-douce à plat

Cette méthode d'impression de timbres-poste est unique dans le monde entier. Ses résultats sont d'excellente qualité surtout du point de vue artistique et les timbres imprimés par cette technologie remportent régulièrement les prix d'excellence à toutes les expositions dans le monde.


La préparation de ce procédé de production ressemble beaucoup à celle de la taille-douce rotative. La copie "pâle" pour la taille-douce à plat est produite de la même manière que celle pour l'impression rotative. Bien des fois, le projet n'est pas une maquette créée par le dessinateur du timbre mais une reproduction d'une œuvre qui sera transposée sur un timbre. Cependant la tâche du graveur est beaucoup plus exigeante quant au dessin détaillé parce que le graveur doit prendre en considération la distribution des couleurs, leur dispersion, leur mélange. Le dessin détaillé est unique pour toutes les couleurs. Celui-ci est copié de la même manière, comme pour l'impression rotative, sur autant de plaques d'acier qu´il y a d'encres à imprimer pour le timbre.  Habituellement plus profondes que celles pour la rotative, les gravures sont vérifiées dans l'imprimerie. Avec celles-ci, le graveur contrôle les épreuves des couleurs individuelles et leur repérage. C'est important pour le mélange des couleurs afin que le repérage final corresponde bien au projet et à l'intention du graveur.

Le moletage, la plaque d´impression

Les molettes sont produites, de nouveau, de la même manière que celles pour l'impression rotative. Pour s'en faire une idée, une molette peut contenir trois empreintes des timbres type Art ou quatre empreintes des timbres type Beautés de la patrie.

Presse taille-douce à plat Heim

Vue de la presse Heim

La plaque d'impression est en acier relativement doux. On la coupe dans une bande d'acier et on l'usine de façon analogue à la plaque du poinçon. La dimension de la plaque d'impression est approximativement 16 x 12 cm (pour les timbres imprimés autrefois sur la machine Heim en "production double", la dimension de la plaque était approximativement 16 x 25 cm). Pour imprimer les timbres multicolores, il faut préparer le nombre nécessaire de plaques d'impression. Sur les plaques, on trace les marques indiquant la position des timbres de sorte que la couleur imprimée la première ait le format précis et que sur les plaques pour les autres couleurs l´intervalle entre les timbres soit environ 0,1 mm plus petit. C'est important pour le repérage des couleurs pendant l'impression. Cela se fait en tapant au marteau entre les timbres en dessous de la plaque d'impression. On peut repérer ainsi non seulement dans les deux sens (horizontalement et verticalement) mais aussi dans une certaine mesure, on peut faire tourner un peu les timbres individuellement.


Moletage de la plaque

On molette des plaques de format 160 x 300 mm, c'est-à-dire deux couleurs sur une plaque. Avec ce format, on peut mieux ajuster la plaque, latéralement (et verticalement) pour l’orientation dans la machine à moleter. Après le moletage, il faut dans la plupart des cas aplanir la plaque car elle est normalement courbée sous la pression. On teste la force de la pression sur le bord de la plaque et cette partie est coupée après le moletage. La plaque moletée est ensuite inspectée et si tout est bien transféré, on la coupe en deux. Avant l´impression, les plaques sont seulement chromées. En moletant, le technicien doit décider dans quel sens moleter les timbres. La plaque s’est naturellement allongée sous la pression de la molette et si un remoletage est nécessaire, un doublage du dessin peut se produire (ce qui arrive tout de même quelquefois). Cette décision du technicien est même importante pour le placement de la molette dans le timbre à remoleter. Même là, la molette n´est mise en place que par le sens du toucher sans aucune possibilité de contrôle optique, c´est-à-dire dans un endroit où les lignes de la gravure permettent à la molette de s'agripper au mieux dans le timbre déjà moleté.

Une épreuve est effectuée pour les couleurs individuelles dans l'ordre décidé par le graveur. C'est lui qui approuve les couleurs particulières. Seulement avec la dernière couleur, celle du trait (habituellement le noir ou une autre couleur foncée), l'épreuve est effectuée en présence d'un représentant de la Poste et après son approbation, l'impression peut commencer en production.

Au cours de l'exécution de l´épreuve, on fait des ajustements des plaques d´impression, par exemple, le remoletage de la plaque entière sur le chromage, le remoletage avec une certaine inclinaison  de la molette (au besoin, un côté du timbre est moleté plus fortement), éventuellement le graveur même corrige diversement la plaque d’impression.

L´impression

On tire les couleurs les unes après les autres dans l'ordre décidé par le graveur, mais à cause des possibilités d'emmagasinage, on ne tire jamais qu'une partie du tirage. Les feuilles sont disposées de sorte qu'elles ne se touchent pas l'une sur l'autre car l'encre du tirage doit sécher au moins 12 heures. Cela nécessite un espace d'emmagasinage relativement considérable. Ce qui est typique pour la taille-douce c'est un relief formé par l'encre épaisse qui ne pénètre pas dans le papier. Mais ce caractère fondamental de la taille-douce ne permettrait pas le repérage des couleurs, car chaque plaque suivante avec une autre encre ne pourrait pas arriver jusqu'au papier. C´est pourquoi il faut ajuster les encres imprimées en premier de sorte qu'elles pénètrent dans le papier et ne forment pas de reliefs (il y a des difficultés avec le papier qui n'est pas assez satiné et l'encre peut y passer au travers). Le relief est formé par l'encre du trait venant en dernier, pour la plupart le noir. Un grand danger pendant l'impression est la variation de la température et de l'humidité de l´air. Ces facteurs influencent considérablement la stabilité dimensionnelle du papier, ce qui se manifeste dans l'impression immédiatement. On risque un autre éventuel martelage des plaques d'impression pour obtenir le repérage des couleurs, mais ensuite une difficulté inverse peut naître pour la partie du tirage suivant, c'est-à-dire, il faudrait réduire la plaque d'impression, ce qui n'est plus possible.



La presse Wait and Saville

Il est utile que le tirage entier soit imprimé sur la même machine et, en plus, que les parties soient imprimées toujours par la même équipe. Le papier est margé dans la machine à la main et il est poussé jusqu'aux repères fixes (appelés "taquets" dans le jargon des imprimeurs), qui déterminent la position précise au moment de l´impression. Chaque margeuse a une certaine façon de travailler (bien qu´on ne puisse pas le discerner à première vue). En plus, il faut qu´elle ait le sens du rythme et une grande aptitude pour mettre le papier dans la presse avec une précision absolue. Quand, pour quelque raison, (par exemple une maladie), il est impossible que la même margeuse finisse toutes les couleurs du tirage, il y a presque toujours des difficultés de repérage.

Les encres individuelles, comme j'ai déjà dit, sont superposées selon les épreuves du graveur et, bien des fois, c´est seulement après le repérage final de toutes les couleurs que les encres sont ajustées (naturellement, suivant la décision du graveur et en présence du représentant de la Poste tchèque). On change leur ton ou leur intensité, quelquefois même leur ordre. Ceci est causé par le procédé différent d'impression sur les machines d'impression, distinctes de celle utilisée par le graveur pour produire ses épreuves. En ce cas, la différence la plus importante se trouve sur le mode d´essuyage des poinçons chez le graveur et celui des plaques d´impression dans la presse (les plaques sont essuyées par du papier à travers un support souple). Le poinçon est aussi un peu différent de la plaque d'impression. Le transfert sur la molette et de là sur la plaque d'impression cause une certaine perte de finesse et d'épaisseur des traits et points. Les encres pour la taille-douce à plat sont les mêmes que pour la taille-douce rotative.

Tandis qu'avec l'impression rotative le transfert de pression de la virole est effectué à travers un feutre, avec l'impression à plat on utilise une sorte de mise en train. Il s'agit d´un carton ou un autre matériau similaire, épais mais souple, de la surface duquel on amincit la matière pour les endroits non imprimant. Les traits et points qui doivent imprimer restent sur le carton en pleine hauteur, le reste en est enlevé. Toute la mise en train est collée sur la plaque d´acier de contre-pression. Ici, certains défauts de la plaque peuvent se produire. Si, peut-être par mégarde, quelque trait qui doit imprimer est coupé pour un des timbres, ou la mise est collée inexactement, éventuellement elle est déplacée par la pression, la partie de la gravure qui manque de pression n'est pas imprimée. Le découpage d'une partie de la mise en train est naturellement utilisé aussi pour enlever quelque partie de la gravure. Mais en ce cas, il s'agit des œuvres d'inspiration libre ou des produits gravés commercialisables. On ne se sert de cette solution dans la production des timbres-poste que tout à fait exceptionnellement. Naturellement, on coupe toujours les croix de repère.

La perforation

Après l'impression du tirage, les feuilles sont perforées. Pour les timbres, on utilise les blocs de perforateurs (pour la dentelure en herse) qui perforent toute la feuille d'impression (de guichet) à la fois. (Il y a aussi des perforateurs dits de « jardinet » qui perforent une rangée horizontale et deux rangées verticales ou à l'inverse - selon le format du timbre, la dernière rangée reste ouverte.  A la PTC, on perfore de cette façon des étiquettes diverses, etc. mais on peut même les utiliser pour la perforation des timbres imprimés seulement en offset). On perfore de trois jusqu'à cinq feuilles à la fois, selon la qualité du papier et l'état technique du perforateur (pas seulement des aiguilles).

Les perforateurs de base sont pour les timbres de format 19 x 23 mm et leur multiples, c´est-á-dire 23 x 40 mm et 40 x 50 mm, puis les perforateurs pour les timbres de format 26 x 40 mm en deux types : soit deux blocs de quatre, soit deux bandes de trois, et les perforateurs pour les timbres de format 23 x 30 mm. Voici un aperçu des perforateurs dans une table :

Format du timbre:      Format de perforateur:          Type de perforateur:
19 x 23 mm                22,2 x 27,2 mm                     bloc de 20
40 x 23 mm                44,4 x 27,2 mm                     bloc de 10
40 x 50 mm                44,4 x 54,4 mm                     bloc de 4 + (2) espaces blancs
23 x 30 mm                27,2 x 34,2 mm                     bloc de 10
26 x 40 mm                30,5 x 44,4 mm                     2 x bande de 3
26 x 40 mm                30,5 x 44,4 mm                     2 x bloc de 4

Il y a aussi d'autres perforateurs (de diverses grandeurs de perforation) produits pour certaines émissions (Intercosmos, etc.), mais je ne possède pas leurs dimensions précises. La dernière fois, un tel perforateur a été utilisé pour perforer la feuille de l'exposition PRAGA 98 (réplique des timbres de la première république gravée par Bedřich Housa).
 (A suivre)

Commentaires de Papy24 : L'impression de ces timbres en taille-douce à plat demande une grande expérience, aussi bien dans l'ajustement et le repérage des couleurs, (en martelant au dos de la plaque) que dans la marge des feuilles à la main sur ce type de presse. 

Il est amusant de lire cet appellation "dit de jardinet" impossible de traduire autrement pour ce type de perforage sur 3 côtés, type de perforage inventé à l'origine par l'anglais Archer pour les timbres britanniques


La suite de cette série d'articles sur l'impression des timbres tchèques sera à suivre sur ce blog dans les prochains jours.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire