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Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

mardi 27 novembre 2012

ÉPREUVES D'ARTISTE EN TAILLE-DOUCE


Pour les timbres-poste français, la taille-douce est utilisée depuis 1928. Un poinçon en acier est gravé en creux pour cet usage. A partir de ce poinçon, des épreuves sont obtenues après leur impression sur une presse taille-douce. L’encre est déposée sur les tailles de la gravure avec une "poupée" de chiffon, puis le poinçon est essuyé à la main avec des toiles de plus en plus fines pour ne laisser l’encre que dans les tailles, la surface du poinçon où l’encre est enlevée restera blanche après la pression du cylindre de la presse à bras sur le papier humide.



Ainsi apparaissent les premières épreuves d’artiste. D’abord des épreuves d’état sont tirées par le graveur pour voir le résultat, au fur et à mesure de l’avancement de son travail. 


Une fois le résultat accepté, le graveur tirait lui-même ses épreuves d’artiste sur des feuilles de papier à sa convenance.


Le format des épreuves pouvait varier selon les graveurs. 


Il ne faut d'ailleurs pas confondre les épreuves d'artiste, signées au crayon par le graveur, avec certaines épreuves tirées avec un poinçon transfert plus petit, et des perforations de sécurité, que l'on pourrait appeler "essais de couleurs".

(Essai de couleurs)

(Épreuve d'artiste)

(Épreuve numérotée 18/18)

Le nombre de ces épreuves n’était pas contrôlé et pour certains graveurs, il est arrivé que le poinçon original soit déjà usé avant de servir à l’imprimerie pour les timbres. C’est pourquoi l’Administration en prit le contrôle en 1962 avec ce type de marque, gaufrage à sec, utilisé une fois le papier sec.



En 1964, apparaît un nouveau timbre sec avec la gravure d’une presse typographique d’imprimerie, il est encore en usage.


En fait, il y a un double gaufrage : le timbre sec de contrôle, mais aussi une marque en relief sur le papier obtenue sur la feuille humide de papier avec une gravure de la plaque qui maintient en place le poinçon du timbre, la "frette".


Le tirage se fait à l'Imprimerie de Boulazac, sur le poinçon d'acier non signé, donc avant la gravure du nom du graveur. Le tirage de ces épreuves est de 21 pour la France si le graveur est le dessinateur de la maquette, sinon 2 épreuves supplémentaires sont pour le dessinateur. Ce nombre d'épreuves peut varier selon le pays du timbre.

Cette question a été posée sur le forum de Timbres de France :
http://timbres-de-france.xooit.com/t1216-epreuves-d-artiste-20-ou-plus.htm#p7501

mardi 20 novembre 2012

ÉPREUVES DE LUXE


Les épreuves de luxe en taille-douce ont présenté plusieurs aspects entre leur début et leur fin en 1998.

(Une des plus belles impressions en taille-douce 3 couleurs)


Il apparait que tous les timbres en taille-douce ont été gravés sur des poinçons en acier doux de format 8 x 7 cm. Pourtant les premières épreuves de luxe ont été imprimées avec des poinçons plus petits. Sans doute pour correspondre avec les épreuves collectives où il était impossible d’utiliser le poinçon original trop large pour pouvoir imprimer plusieurs timbres ensemble côte à côte.

(Épreuve collective. A remarquer le bord découpé avec un coupoir pour photographies)

Il y a toujours sur ces épreuves la mention de l’origine en bas à droite, sauf au début ou cette mention était imprimée au centre en typographie.


Ensuite cette mention est imprimée dans la couleur du timbre en même temps que le poinçon, mais avec la plaque découpée et gravée qui sert à maintenir ce poinçon sous la presse taille-douce à bras. Une fois coupées, ces épreuves sont perforées avec les trous de sécurité, les mêmes que ceux utilisés pour les feuilles de timbres avant leur impression sur les presses à plat.


Ces poinçons réduits, sans doute obtenus après un transfert mécanique, ont été laissés pour l’impression des épreuves de luxe sur les rotatives taille-douce trois couleurs. Il n’y a plus de cuvette autour du timbre. Ces poinçons réduits ont néanmoins servi pour des essais de couleurs qu’il convient de ne pas confondre. 

(Essai de couleur)

Ils ont une mention manuscrite de la référence de l’encre au lieu de la mention "Atelier de Fabrication des Timbres-Poste. PARIS." qui deviendra "IMPRIMERIE DES TIMBRES-POSTE – PARIS." Ils ont aussi les perforations de sécurité.


Les perforations ont été faites jusqu’en 1966, que les timbres soient imprimés en TD3 ou en TD6.

(Épreuve de luxe surchargée pour le Ministre, également Maire de Périgueux)

Après l’installation de l’Imprimerie à Boulazac, "FRANCE" remplacera "PARIS" et les épreuves de luxe continueront jusqu’en 1992 où elles seront abandonnées en raison de leur prix de revient assez important pour des épreuves "données". Il est vrai qu’il fallait produire un cliché spécial, au début une seule coquille, mais après une virole, qu’il fallait découper trois rouleaux toucheurs spécialement pour ça et utiliser plusieurs milliers de feuilles, sans compter une presse et une équipe, plus la vérification, le façonnage, la coupe, etc.


Les épreuves seront alors réalisées sur du papier gommé avec une légende du timbre imprimée.



mercredi 7 novembre 2012

TRAÎNAGE EN TAILLE-DOUCE


Sur le forum de Timbres de France http://timbres-de-france.xooit.com cette question concernant le timbre 1392A "La Tour de César" – Provins 0,70 et la variété aux "toits flamboyants".


Comment se produit cette variété :

Comme tout le monde le sait, en taille-douce trois couleurs, c’est le même cliché gravé en creux qui imprime les trois couleurs en même temps. Trois rouleaux découpés encrent chacun leur tour la partie du timbre qui leur est attribuée. Les trois couleurs se juxtaposent et ne se superposent pas. Des essais de superpositions des encres ont été essayés, comme avec le timbre Floralies parisiennes en 1959, mais il est très difficile de maintenir constantes les couleurs obtenues par mélange.

Selon la gravure du timbre, si les couleurs sont séparées par un espace blanc suffisant, il est plus ou moins facile d’éviter qu’elles ne se mélangent. Mais quand les couleurs sont trop proches, les problèmes commencent. Les couleurs doivent se juxtaposer très exactement pour éviter que l’essuyeur, au moment où il enlève l’encre en excédent sur les parties blanches du timbre, c’est-à-dire la surface du cylindre clichés, ne mélange les encres par "traînage" d’une couleur sur une autre.

(Détail du traînage. Merci Kal)

Le traînage à l’essuyage se fait évidemment dans le sens de rotation des cylindres (voir l’article du 5 Juillet 2012) et donc de l’impression. Quand les couleurs sont proches, cela ne se voit pas trop, mais quand elles sont opposées, il faut tout l’art du conducteur, du "maître taille-doucier", pour l’éviter.

Par l’exactitude du découpage tout d’abord, où l’expérience détermine l’angle de l'outil, la lame d'acier tranchante, et du talus du découpage, pour éviter que la matière plastique du rouleau ne se déforme à la pression sur le cliché et dépose son encre à côté.

(Doc. ITVF)

Par le réglage de cette pression et la précision du positionnement du rouleau sur le cliché. Il y a pour cela plusieurs réglages, en largeur et en hauteur, où il faut jouer de la clé et du tournevis avec dextérité.

Par le réglage de l’encrier et de sa lame, et de la touche du rouleau découpé pour ne laisser déposer que l’encre nécessaire au remplissage des tailles, sans que l’encre ne déborde sur une partie voisine où il n’en faudrait pas.

Mais cela arrive quand même, et pour ce timbre de Provins, vu la difficulté de l’encrage et vu la couleur foncée du ciel, le traînage a été toléré plus ou moins selon les tirages et retirages des années suivantes, laissant le toit de la tour "flamboyer".

Pour le timbre du "Clos Lucé à Amboise", le traînage s’est fait verticalement pour l’impression en TD3, où la ligne du haut du timbre en brun est salie par le bleu, 


et en travers en TD6, puisque le timbre a été imprimé couché et où la même ligne est donc épargnée par le traînage.



Le traînage des couleurs à l’essuyage est certainement un phénomène assez courant en taille-douce pour provoquer de très nombreuses variétés, mais c’est aussi une des difficultés de l’impression taille-douce en trois couleurs pour les timbres en raison de la complexité et de la diversité de leurs gravures originales.