BIENVENUE

Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

samedi 27 octobre 2012

MÉFIEZ-VOUS DES IMITATIONS


Sur un site d’achat et vente d’objets de collection, un vendeur proposait des reproductions de timbres. Il proposait un « Europa 1975 0,80 Arlequin de Picasso » sans le brun.


Offre alléchante pour laquelle ma curiosité l’a emporté sur la raison. Pour quelques euros, je n’ai pas été déçu. 

Un examen attentif permet facilement de voir que c’est une impression jet d’encre et il manque bien le brun. L’impression du timbre semble de travers et plus grande que la normale.

Le vrai timbre


Plusieurs questions se posent : la disparition du brun et le piquage du timbre qui se superpose exactement avec un timbre du même format.

L’image numérique provient-elle d’un scan d’un timbre où le brun n’aurait pas été imprimé, ce qui est possible et ce serait une belle variété, ou tout simplement d’un bidouillage informatique avec un traitement d’image. A noter également que tout le blanc du papier a été légèrement teinté sur toute la surface du timbre, et même les dents, par de minuscules points de couleurs jaune, magenta et cyan. On peut se demander pourquoi ou s’agit-il d’une erreur ?

Détail des points

Cette impression numérique pourrait tromper des débutants ou des ignorants des moyens d’impression des timbres. Faut-il rappeler que l’impression du timbre original est faite en héliogravure.

Le papier qui a servi n’est pas un papier couché utilisé pour l’impression en hélio, mais il est gommé et on peut y voir les traces et déformations laissées sur la gomme par l’impression jet d’encre.

Quant au perforage, il est splendide et net, et se superpose exactement à celui d’autres timbres du même format. On pourrait supposer que le vendeur dispose d’un appareil de perforage à peigne identique à ceux de l’imprimerie, mais il est difficile de s’en servir sans la machine qui va avec. On peut aussi penser qu’il dispose de timbres ou de feuilles de papier blanc perforées à l’origine sur les rotatives à l’imprimerie.

Peut-on vraiment considérer qu’il s’agit d’un faux ou d’une reproduction ? Est-ce licite ? Les juristes pourront en débattre.

dimanche 21 octobre 2012

ROTATIVE TAILLE-DOUCE 6 COULEURS


Pour imprimer en taille-douce des timbres en 6 couleurs, l’Imprimerie des Timbres-Poste utilise des rotatives avec deux blocs d’impression.

Les deux blocs d'impression (Doc ITVF)

La rotative est composée de deux blocs d’impression et d’un bâti où sont disposés divers éléments d’impressions complémentaires, d’un élément assurant la perforation des feuilles de timbres et d’une sortie soit en feuilles soit en bobines.


Perforage et bloc phospho (Doc ITVF)

Dans l’ordre du déroulement de la bande de papier, le dérouleur de bobine, le brise-gomme pour assouplir le papier et un premier cylindre d’appel pour tendre la bande. Un dispositif maintient et aligne la bande de façon permanente pour le repérage latéral et pour que l’impression soit centrée convenablement.

Dérouleur (Doc ITVF)

Cylindre d'appel (Doc ITVF)

Après un pré-chauffage, le papier est humidifié pour subir une première impression. Cette première impression n’aura pas de relief. Le cylindre cliché est gravé en creux et l’image à l’endroit. Après encrage avec des rouleaux toucheurs découpés et essuyage, l’encre est déposée par pression, image à l’envers, sur un cylindre en matière synthétique souple de report qui à son tour dépose l’encre par pression à l’endroit sur le papier, comme en offset. L’impression est séchée dans un tunnel infra rouge.

Cylindre de report de l'impression (Doc ITVF)

Elément de séchage infra rouge (Doc ITVF)

Pour que la seconde impression soit en place, il y a un appareil de repérage longitudinal qui lit un repère électronique et, en fonction d’une autre lecture sur la machine, allonge ou réduit la course du papier avant son entrée dans le deuxième bloc pour faire se superposer correctement les deux impressions.

Repérage longitudinal (Doc ITVF)

Bloc taille-douce directe (Doc ITVF)

La deuxième impression est en taille-douce directe. Le cylindre est donc gravé en creux image à l’envers pour avoir une impression image à l’endroit. L’encrage est obtenu par trois rouleaux toucheurs découpés soit manuellement, soit par découpage laser : les "chablons". Un essuyeur enlève l’encre en excès pour ne la laisser que dans les tailles de la gravure. Après un deuxième mouillage du papier, le cylindre clichés dépose directement son encre par pression avec un "presseur", lui-même appuyé par un cylindre de contre-pression. Cette impression est séchée à son tour et refroidie brutalement au contact de cylindres creux où passe de l’eau froide pour créer un choc thermique.

Toucheurs découpés (Doc ITVF)

Après un troisième système de repérage, les timbres sont perforés, soit par un perforateur alternatif à peigne qui découpe à l’emporte-pièce les petits trous, soit par un perforateur APS qui enlève le papier par abrasion au contact d’un cylindre portant une plaque en relief avec des petits cônes tronqués pour chacun des trous de la feuille.

Perforateur à peigne (Doc ITVF)

Les bandes phosphorescentes sont imprimées ensuite avec de l’encre UV, séchée instantanément par un sécheur UV. Il y a eu plusieurs systèmes d’impression de ces barres, de plusieurs types selon le procédé et la nature de l’encre utilisée. Je vous conseille d’aller voir le site très complet sur ces barres : Les barres phosphorescentes et leurs variétés. http://www.premiumorange.com

Bloc phospho (Doc ITVF)

Sécheur UV  (Doc ITVF)

Les mentions de service sont aussi imprimées soit en typographie avec un cylindre comportant les deux numéroteurs, les deux dateurs et numéros de machine, soit avec un dispositif à jet d’encre, sur un côté de la bande où sont imprimées toutes les mentions, y compris un code barre.

Numéroteur mécanique (Doc ITVF)

Numéroteur jet d'encre (Doc ITVF)

Une coupe rotative découpe chaque feuille pour les laisser se superposer sur un tapis roulant de réception où il ne reste plus qu’à les empiler par mille.

 Sortie de feuilles (Doc ITVF)

Il est toujours possible de n’utiliser qu’un seul encrier pour avoir une impression monochrome comme pour les timbres courants. Dans ce cas, le rouleau toucheur ne sera pas découpé.

Encrier et toucheur (Doc ITVF)

Plusieurs rotatives n'ont qu'un seul bloc d'impression, mais toujours sur le même principe.


lundi 8 octobre 2012

LES DENTS ETROITES


Il me revient un souvenir du temps où j’étais tout nouveau à l’Atelier du Timbre et où j’étais équipier sur une rotative typographique imprimant des "Marianne Cheffer" 0,30 F.

Je ne connaissais pas encore tous les termes utilisés dans les ateliers. Mon coéquipier du moment, plus ancien, m’annonce : « Regarde, il y a un double picot ». Ne sachant pas ce que c'était, je n’ai rien vu. Alors, il me montre entre la 9me et 10me rangée de timbres, un décalage du perforage provoquant une dent étroite sur tout le travers. Et il part s’affairer pour arranger le défaut. Sur le moment, je n’y ai pas prêté plus d’intérêt et peu de temps après je travaillais sur une rotative taille-douce 3 couleurs.

(Extrait du site "La Marianne de Cheffer")


Devenu "cocher" sur ces mêmes rotatives typographiques "Chambon", je remarquais ce même défaut que j’avais rencontré quelques années plus tôt. Il y avait un "double picot".

Très intrigué et voulant y porter remède, je cherchais à quel niveau de la machine se produisait le phénomène. Je voyais la bande de papier se relâcher et se retendre régulièrement à chaque feuille. La tension des cylindres d’appel était normale, l’impression paraissait normale également et toutes les modifications ne faisaient aucun effet pour améliorer ce défaut.

J’observais aussi qu’entre le premier cylindre d’appel et le cylindre d’impression de la figurine, la bande de papier se tendait et se relâchait régulièrement au niveau des bandes entre les timbres.

Tout démontrait que le cylindre cliché enroulait davantage de papier que les autres cylindres. Je démontais les bandes de clichés des galvanos et je trouvais en dessous les mises entre "cuir et chair" et il y en avait plusieurs épaisseurs, trois, voire plus. Il y en avait trop.

Après les avoir enlevées, et avoir fait des réglages d’épaisseur et quelques retouches, après remise en route et ajout de pression compensatoire, le double picot avait disparu !

Explications : certains imprimeurs chargés de la confection des mises en train, plutôt que de faire des découpages collés sur le cylindre de pression, préféraient coller ces découpages sous les galvanos du cylindre clichés, entre "cuir et chair". Et d’en coller plus qu’il n’en fallait, pour en fin de compte augmenter exagérément le diamètre du cylindre, qui multiplié par 3,1416 c’est bien connu, et obtenir à l’impression un entraînement du papier supérieur aux deux cylindres d’appel. Le papier est légèrement élastique, mais il reprend sa tension normale à chaque fois que l’impression se fait sur les bandes entre les galvanos, là où il y a moins de pression et où le papier glisse. Le papier en reprenant sa place se trouve décalé par rapport aux précédentes perforations et le perforage également, ce qui donne une dent plus étroite.

(Extrait du forum "Timbres de France" timbres-de-france.xooit.com)


Cette dent étroite se trouve à différents niveaux sur la feuille en fonction de la distance entre le bloc de perforage et le bloc d’impression de la figurine utilisé, c’est-à-dire entre la neuvième et la dixième rangée si c’est le dernier bloc avant le perforage, ou au-dessus de la première rangée si c’est le bloc situé encore avant comme pour ces timbres "Semeuse" 20 c. de 1926. On peut supposer que si la rotative utilisée n’avait que deux blocs d’impression, c’est le premier qui a imprimé le timbre et le deuxième le numéro en noir. Je suppose car je vous prie de croire que je n’y travaillais pas cette année-là.


Scan transmis par Semeuse13 que je remercie. Allez voir son blog : semeuse.blogspot.fr