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Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

vendredi 25 janvier 2013

ACCIDENTEL ? NON !


Dans sa dernière vente sur offres, Atout Phil présentait cette pièce : 

Non dentelé accidentel rarissime dans les impressions rotatives, pièce  certainement unique, avec signature et certificat.

Comme quoi les experts peuvent se tromper, cette pièce laisse penser qu’ils ne connaissent pas très bien le fonctionnement et les contraintes des rotatives taille-douce, pour faire une telle description.

Ce n’est pas accidentel, mais le résultat d’une opération normale pour une intervention du service de la mécanique sur le bloc de perforage. Pour changer l’outil de perforage, le "jeu", la rotative est arrêtée naturellement. La bande de papier est coupée juste après le bloc et le papier est retiré en dehors de l’appareil.

(Bloc de perforage TD6 - Document ITVF)

La bande n’est plus perforée le temps de l’intervention et lors de l’avancement normal et par à-coup de la machine. Après, la bande de papier, déjà imprimée, est remise à sa place entre les aiguilles et la plaque perforée correspondante, et recollée au morceau précédent de la coupure avec un adhésif pour continuer sa progression vers la sortie, laissant un certain nombre de timbres sans perforage.

Ce n’est pas un accident rarissime, mais une opération courante et normale, presque journalière. Ce qui est rarissime, c’est de retrouver ces timbres dans le circuit philatélique. L’intervention a provoqué un nombre considérable de feuilles fautées qui n’ont pas pu échapper à la vérificatrice et se sont retrouvées normalement dans les rebuts pour être détruites. Ce morceau de feuille a échappé à la destruction en rapportant un peu d’argent de poche à des agents indélicats.

Cette façon de procéder pour changer le "jeu" se faisait également sur les rotatives typographiques où également il est impossible d'avoir, en marche normale, des oublis de perforage.

Mais des non dentelés accidentels sont maintenant possibles avec le système APS de perforage par abrasion du papier, système qui peut être retiré momentanément et remis en appuyant sur un bouton, sans arrêter la rotative. Et vu le grand nombre de feuilles retrouvées sans perforage, on peut supposer que la vérification n'est plus ce qu'elle était.

Il est à noter que sur la rotative taille-douce 6 couleurs, le perforage se fait par deux bandes de timbres à chaque fois. La bande montrée a donc été découpée au milieu pour ne laisser qu’une seule rangée perforée.

Une mise à prix de 4500 € pour ce "résidu de poubelle" authentique, je vous laisse calculer le prix de la tonne de déchets.

samedi 12 janvier 2013

DÉFAUTS EN TAILLE-DOUCE


Bravo. Il faut complimenter le chroniqueur d’un Magazine sur les timbres. Ce mois-ci dans sa rubrique sur les timbres et leurs variétés, il a donné la bonne réponse :


Il s’agit bien d’un "assèchement" de l’encrier. Ce terme indique un manque d’encre dans l’encrier de la couleur disparue. Mais cela peut aussi être le résultat d’un autre phénomène. L’encre taille-douce n’est pas fluide, elle est même pâteuse. Par sa consistance, on peut dire qu’elle tourne dans l’encrier en formant une sorte de rouleau au contact du "ducteur", ce cylindre métallique de l’encrier qui imprègne le "toucheur" découpé. Elle est tellement pâteuse, qu’il arrive un moment où elle n’est plus en contact avec le ducteur en laissant un vide. On dit : elle dort. Le toucheur ne reçoit plus d’encre et le cliché non plus, laissant la couleur disparaître.

La couleur disparaît progressivement en commençant par le milieu de la forme pour finir par les bords.

(Timbres dans le sens de l'impression)

Mais quand le conducteur remet de l'encre, c'est au milieu que l'impression revient en premier, laissant un timbre du bord sans la couleur .

(Timbres dans le sens de l'impression)


Mais ce chroniqueur s’est trompé une fois précédente en donnant une mauvaise raison à un manque d’encre. Ce n’est pas un essuyage trop brutal qui a pu enlever l’encre. Même s’il arrive qu’un essuyeur soit trop "bridé", il n’enlève pas complètement l’encre d’une seule couleur sans en laisser dans l’autre juste à côté, ce n’est pas possible.



Pareillement pour ce timbre en impression mixte, offset-taille-douce. Si le texte en noir en taille-douce est incomplet, ce n’est pas un assèchement d’un encrier mais un défaut de pression insuffisante juste au moment où la pression est enlevée pour une interruption ou un arrêt ou bien remise lors d'un redémarrage de la presse PTD4, presse taille-douce à feuilles. Naturellement cette feuille fautée inévitable aurait du être détruite après la vérification, mais ...

Une erreur d’interprétation pour cet autre timbre :


Ce n’est pas un ajout d’encre bleue dans l’encrier du rouge qui assombrit la tranche du livre, sinon il n’y aurait plus de rouge du tout. Il faut plutôt y voir un traînage de l’encre à l’essuyage, essuyage qui se fait de gauche à droite pour ce timbre. Ce phénomène a déjà été décrit dans un précédent message.

Pour un mélange de l’encre, voici ce que ça donne comme pour ce timbre où un peu de noir est tombé dans l'encrier du bleu :

(Timbres dans le sens de l'impression)


Pourtant, ce chroniqueur a eu en partie raison pour cet exemple :


Il y a bien un oubli dans le découpage d’un rouleau "toucheur" qui dépose son encre à un endroit où il ne faudrait pas, mais aussi du traînage.

Il est bien dommage qu'autant d'erreurs pour des explications soient faites dans un magazine de cette qualité, et que les lecteurs prendront pour vraies et plus tard indiscutables comme pour certains écrits d'experts reconnus.

samedi 5 janvier 2013

DOUBLE IMPRESSION


Voici un exemple trouvé sur un forum, qui va nous fournir un sujet de réflexions sur l’impression des premiers timbres français, et en particulier ces timbres type « Aigle des colonies » :



Au premier regard, l’impression est doublée. La feuille a été imprimée deux fois.

Certains penseront à des essais, des feuilles de mise en route, mais différentes hypothèses peuvent être contradictoires.

Si on pense à des essais d’impression, à bien y regarder, on ne voit pas très bien les différences sur ce timbre entre les deux impressions. Une question se pose. Il faut se souvenir que dans un premier temps les timbres étaient imprimés sur des presses typographiques à bras.



Et à moins de penser que les imprimeurs de cette époque étaient assez idiots pour se fatiguer à encrer toute la forme à la main avec un rouleau, à marger une feuille déjà imprimée, à tourner la manivelle pour amener la forme sous la platine et donner un grand coup de barreau, ce bras de levier très pénible à manœuvrer, pour obtenir une deuxième impression où en définitive on ne voit rien du résultat, la réponse à cette question est probablement ailleurs.



Pour ces timbres de type « Aigle », on ne trouve pratiquement pas de défauts d’impression. Les détails des traits sont fins et le noir de la couronne est toujours bien net, contrairement à l’impression des timbres courants, de type « Empire » où certains filets sont brisés et les noirs avec des points blancs.



Il n’y a eu qu’un seul galvano de fait pour chaque valeur, surtout si chaque galvano coûtait 1 500 francs de l’époque, excepté un galvano de remplacement, en raison de la faible quantité de timbres demandée. En 11 ans, pour le 80 c., 403 920 timbres ont été livrés, soit l’équivalent de 2 244 feuilles de 180 figurines, et même pour le 10 c., 5 523 460 timbres, soit 30 686 feuilles imprimées, ce qui est relativement peu pour chaque livraison.

La qualité de l’impression et sa régularité de pression ne peut que faire penser à l’utilisation d’une presse en blanc à cylindre, de type Alauzet ou Marinoni. En 1859, ce genre de presse mécanique commence à se répandre, et il ne serait pas surprenant que Hulot ait pu en avoir une à sa disposition, ce qui reste encore à démontrer, mais pas impossible, en raison du peu d'informations sur ce sujet.



Ce qui pourrait expliquer les feuilles avec des impressions multiples, tellement faciles et presque sans effort avec de type de presse. Même celles avec des impressions multiples ou à l’envers avec un encrage très faible qui ne peuvent s’expliquer par un manque d’encre, ou un assèchement de l’encrier, avec un rouleau à main. A moins de penser qu’ils étaient idiots, alors qu’il suffit de soulever les rouleaux de la presse sur leurs supports, pour que la forme ne soit plus encrée et qu’il ne reste plus d’encre sur celle-ci pour pouvoir la nettoyer plus facilement sans se fatiguer.



Ces feuilles n'avaient pas d'autre utilité et plutôt que d’appeler ces feuilles d’"essais" ou de "mise en train", il serait plus judicieux de leur donner le nom de "feuilles de décharge". Non, les imprimeurs n’étaient pas stupides, ils ne faisaient rien d’inutile et savaient très bien ménager leurs efforts.