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Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

samedi 16 juin 2012

DEUX FOIS


Sur le site La Marianne de Cheffer, www.lamariannedecheffer.fr
ce bloc dont le propriétaire a été récompensé par l’Or et le "Prix Spécial" au Championnat de France 2012.



Ce bloc est exceptionnel.

Lors de l’impression des timbres en typographie sur les rotatives de l’Imprimerie des Timbres-Poste, il y a des feuilles fautées pour différentes raisons, comme les arrêts de la machine, les collages de bobines, les changements de bobines de papier.

Si ces feuilles fautées ne sont pas trop nombreuses, moins de 100, elles sont remplacées par des feuilles de la "Valise", réserve de 200 feuilles bonnes à la disposition des équipiers, et renumérotées pour prendre la place des numéros fautés. Avec un numéroteur à main, utilisé comme un tampon, le numéro d’impression est barré et remplacé.

Mais il arrive que ces feuilles de remplacement se retrouvent à nouveau dans la "Valise", et le numéro de remplacement est à son tour barré et remplacé. La feuille 48236 a remplacé la 34658, qui a remplacé la 26559. L’hypothèse de l’erreur de l’équipier n’est pas juste et cette feuille a donc servi deux fois, deux jours de suite, sans compter son jour de production.

Si l’on compte qu’il y a moins de 200 feuilles remplacées par jour, l’espérance de trouver ces feuilles remplacées dans la "Valise" est faible. Dans ce cas, on peut penser qu’il y en a eu d’autres, mais ce n’est pas certain, et elles ont pu ne pas être conservées. Mais …

Ce magnifique bloc est assez rare, bravo à son propriétaire. Il me semble bien en avoir déjà vu pour d’autres valeurs.

dimanche 3 juin 2012

TÊTE-BÊCHE VOLONTAIRE OU NON ?


Les tête-bêche ont divisé un certain nombre de collectionneurs de timbres classiques. Ceux qui pensent qu’ils sont accidentels et ceux qui les croient volontaires. A vous de juger.



Après la décision de l’Administration de faire imprimer des timbres et la gravure du poinçon, Anatole Hulot a eu très peu de temps pour tenir ses engagements.

C’est un chimiste, il connait l’imprimerie mais n’est pas imprimeur, encore moins typographe. Il a une idée de génie pour multiplier une gravure originale avec une rigueur mathématique. D’après le poinçon original de Jacques-Jean Barre, graveur à la Monnaie de Paris, il frappe des flans, ou empreintes, en régule, alliage de plomb et d’étain, par pression au balancier monétaire à l’intérieur d’un rectangle aux dimensions exactes du timbre, remplaçant la virole pour les pièces de monnaie. Les flans sont de dimensions identiques et comportent la même empreinte. Il aligne parfaitement 150 flans rectangulaires, 10 x 15, et produit un cliché typographique selon un procédé qu’il maîtrise, la galvanoplastie.



Pour le premier galvano, 10 flans sont posés retournés à l’envers, côte à côte, et ainsi sur 15 rangées, mais Hulot inverse 3 flans, car il ne voit pas le côté de l’empreinte. On peut très certainement penser que c’est Hulot lui-même qui a fait l’assemblage pour ne pas divulguer son secret de fabrication. Il est évident que la mauvaise orientation des flans des 3 tête-bêche est une erreur et vu l’urgence, il n’était pas question de refaire le premier galvano qui a servi ainsi seul au début pour l’impression. L’expérience a permis de ne pas refaire l’erreur pour un second, soit en procédant différemment pour les aligner ou plus probablement en les marquant à l’arrière pour en reconnaître le sens.



La production des timbres s’est faite jour et nuit avec au moins deux équipes, il était impossible d’attribuer d’éventuelles feuilles mal imprimées à l’une ou l’autre équipe. Cette expérience a donc servi pour les deux galvanos suivants, un sans et un avec tête-bêche pour l’impression sur une deuxième presse et aussi pour la troisième presse nécessaire. Il était alors possible de reconnaître immédiatement d’un seul coup d’œil la presse utilisée pour éventuellement corriger les défauts d’impression constatés. Ce n’est pas pour distinguer le galvano, il avait un numéro frappé sur un bord, ou pour reconnaître sa mise en train pour un tirage suivant, mais bien pour distinguer la production de chaque presse.

L’hypothèse d’une mauvaise orientation à cause d’un défaut de parallélisme des flans est à écarter, par le nombre restant en trop et en doutant de cette éventualité, le plomb épousant parfaitement son moule et le défaut d’un plomb mal équarris aurait entraîné un mauvais alignement des timbres, et ce n’est pas le cas comme on peut le voir sur les galvanos du Musée Postal, parfaitement alignés.

Il est à remarquer que le côté tête-bêche semble toujours du côté droit. Les tirages des autres valeurs semblent avoir été faits sur le même principe de reconnaissance du côté droit de la feuille. Cela ne laisse pas penser que l’erreur d’orientation d’un flan puisse se produire fortuitement une fois sur deux. Le 40 c. n’a pas de tête-bêche, cela n’a pas été nécessaire pour le distinguer en raison de l’erreur initiale de l’utilisation des deux flans du 20 c. corrigés en 40 c.

De plus, les tête-bêche pour les dernières valeurs à en avoir, sont sur le bord du galvano, position 90, 131 ou 150, ce qui tendrait à penser que l’inversion a été faite volontairement au dernier moment avant la mise au bain, alors que tous les flans étaient bien orientés, et l’inversion deux fois en position 131 n’est pas due au hasard. La position en milieu de galvano n’a pas d’explication logique, mais rien n’empêche de penser à une inversion volontaire. Pour le 10 c. Présidence, le tête-bêche en position 81, n’aura pas besoin de servir, puisque seuls deux galvanos seront utilisés sur les trois. La position du tête-bêche en x1 ou x0 pourrait s’expliquer en fonction des ouvriers qui alignaient les flans, en commençant soit du côté gauche soit du côté droit de l’ensemble et retournaient après coup un flan sur le côté opposé à l’appui latéral.

Pour ceux qui pensent au retournement accidentel d’une empreinte, comme certains experts philatéliques qui ont décrété une fois pour toute que les tête-bêche étaient des erreurs, je ne crois pas qu’ils puissent penser que les ouvriers de l’époque étaient des incapables et qu’ils aient pu persévérer dans la première erreur, une fois sur deux, même si les timbres tête-bêche étaient considérés sans importance et tolérés par l’Administration. Si c’est accidentel ou par hasard, pourquoi l’erreur ne s’est-elle pas reproduite après pour tous les timbres, jusqu’aux derniers timbres en typographie des « Marianne » de Béquet.

Continuer à penser à des inversions involontaires, c’est penser que les ouvriers de cette époque n’avaient pas de chance au point d’aligner 149 flans dans le bon sens et un seul à la fin, en position 150 à l’envers, ou qu’ils aient attendu autant d’années (jusqu’au 4 c. lauré) pour trouver une solution pour les mettre tous dans le même sens sans se tromper, du fait qu’ils ne pouvaient pas voir une inversion avant d’avoir fini.

En 1848, ce n’est que le début d’une production qui deviendra très importante mais ce procédé pour l’identification des feuilles imprimées n’est pas une bonne idée. Il sera abandonné et remplacé par d’autres plus tard, comme l’impression de la date, du numéro de machine, de la lettre d’identification du conducteur de la presse, de l’impression du millésime, des coups de pointeau sur les parallélogrammes des quatre galvanos en typographie rotative, des traits pour chacune des trois feuilles au tour sur les rotatives taille-douce, le remplacement de l’indicatif des feuilles sur ces mêmes presses taille-douce en 1964, et jusqu’à l’impression du code barre.