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Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

samedi 20 août 2011

FAUX PLI

Sur le forum fr.rec.philatelie, Thierry a trouvé ce faux pli accordéon :



Les échanges entre Thierry, Lulu, Vervelle, Philippe et Dominique au sujet de ce pli montrent que je n’ai pas été assez clair dans mes explications.

Dans l’ordre chronologique, pour les timbres, il a été fait usage de :

1 - Une presse à bras de type "Stanhope", forme plate avec des galvanos plats et pour faire la pression un plateau "plat", manœuvrée à la force des bras. Quand on sait que pour faire une impression correcte, il faut plus de 10 kg au cm², on peut imaginer la pression totale nécessaire pour imprimer la surface d’une feuille de 300 timbres. C’est pourquoi le bras de levier est très long avec une démultiplication. Avec cette presse, la feuille de papier est posée à plat sur le "tympan" et maintenue par la "frisquette" repliée, et le plateau vient presser le papier. Il ne peut y avoir de pli, sauf si la feuille en a déjà un.

2 – Une presse à cylindre à forme plate, galvanos plats, probablement de marque "Marinoni", à feuilles, avec un "marbre" à forme plate, circulant en va-et-vient sous un cylindre tournant, entraînant une feuille de papier en l’enroulant sur sa circonférence et en la pressant sur la forme. La pression ne se fait que sur quelques millimètres de large sur la génératrice du cylindre et sur sa longueur. La pression nécessaire au contact du cylindre est bien inférieure à la surface totale de la feuille et avec une pression de 12 à 15 kg au cm², ce qui donne évidemment une bien meilleure impression. La feuille de papier est enroulée autour du cylindre, entraînée par des pinces sur un seul côté, ce qui la laisse libre à l’arrière. Si la feuille est mal engagée, mal margée, il se forme un pli, ou plusieurs, et avec la pression sur la forme, ce pli va en s’évasant, plutôt en travers qu’en long dans le sens de rotation. La feuille imprimée avec un pli accordéon peut le conserver ou non lors du piquage.

3 – Une presse rotative, alimentée en bobine de papier, avec un cylindre de clichés, galvanos cintrés ou coquilles, ou virole, pour la taille-douce, et un cylindre de pression. La bande de papier passe entre les deux cylindres pour être imprimée, et est entraînée tendue par un frein sur la bobine. Le papier est bien à plat par la tension, mais si la bobine est déplacée latéralement pour une raison ou une autre, un pli se forme un certain temps à l’impression, toujours dans le sens de rotation de la presse, et se poursuit lors de la perforation.

Pour les timbres montrés par Thierry, la dent plus large sur la hauteur vient d’un écart du peigne, bien vu Dominique, avec les perforatrices de l’époque où les feuilles étaient "pointées" par 5. Le pli a dû être fait bien après. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler un pli accordéon.


Pour cet exemple de pli sur enveloppe, l’impression est faite en offset. L’enveloppe a déjà un pli à la fabrication à l’usine et le pli est resté à l’impression et pour les deux couleurs.

Pour l’autre exemple :


il n’y a évidemment pas de pli, mais un défaut dans la fabrication du papier, qu’on pourrait appeler "pâton", venant faire une surépaisseur à l’impression du timbre.

Ce qui prouve que le risque d’erreur existe, ça ne fait pas un pli !

mercredi 17 août 2011

PREMIÈRES PRESSES

Les premiers timbres-postes furent imprimés avec des presses à bras.


Pourtant, dans cette « Notice historique sur l’Imprimerie  par Paul Dupont en 1849, on parlait déjà de presses à cylindre, et des avantages sur la productivité.


Avec le pli accordéon, ces timbres de 1862, indiquent qu’ils ont été tirés sur une presse à cylindre, ce qui laisse penser que déjà, Anatole Hulot disposait d’un tel matériel.




Dans un autre ouvrage sont évoquées les presses Marinoni :



Cette photo de la BNF en 1913


montre que l’Atelier du Timbre, du Boulevard Brune utilisait ce type de matériel.

samedi 13 août 2011

PIQUAGE DÉCALÉ

J’ai trouvé dans un ouvrage de 1875, "Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie", de Maxime du Camp, un passage décrivant assez précisément la fabrication des timbres-postes à cette époque :


Les locaux décrits sont ceux de la Monnaie de Paris, avant le transfert de l’impression à la Banque de France, rue de Hauteville en 1876. On y apprend qu’il y avait déjà des presses à vapeur, donc des presses à cylindre.

Il y est écrit que le "pointillage" est réalisé depuis Août 1862 et que l’exécution est faite par des enfants. La description est sommaire, mais on peut comprendre le fonctionnement de la perforatrice. Les feuilles sont fixées sur un cadre métallique, il n’est pas écrit comment, mais avec l’exemple ci-dessous, on peut comprendre que les feuilles sont enfoncées sur des aiguilles 5 par 5, évidemment sur les repères, les points imprimés en haut et en bas de la feuille, et sont perforées mécaniquement avec "régularité".

extrait du site http://semeuse22.free.fr


 
Ce qui explique que si la feuille n’est pas "pointée" au bon endroit, le piquage n’est pas en place par rapport aux timbres. Je suppose que si les 5 feuilles sont mises ensemble, une feuille au milieu qui serait décalée ne se verrait pas, ainsi qu’une feuille pliée à un coin ou ayant été imprimée sur un cylindre avec un pli accordéon, et qu’alors on obtiendrait un piquage oblique, décalé ou bizarre selon les cas.

Scan transmis par Dominique

jeudi 11 août 2011

AILE DE MOULIN

Au mois de Juin 2009 dans un article de son blog
Dominique nous commente une pièce étonnante :


Une impression en aile de moulin.

Avant l’impression rotative des timbres et leur disposition par 100, les timbres étaient imprimés par 300 figurines à la feuille, que ce soit pour les premiers timbres "Cérès" en impression à plat sur presses à bras, ou plus tard en impression sur presses à cylindre où 300 timbres étaient assemblés par galvanos de 50 et en deux feuilles de 150, les deux feuilles coupées avant leur perforation.

Il fallait donc 6 galvanos pour imprimer une feuille double. Pour les petites quantités et pour faire l’économie de la confection de 3 galvanos, une demi-feuille était imprimée sur un seul côté. Comme l’impression se faisait la tête du timbre en premier, la coupe de la feuille dans le sens de la rotation avant l’impression aurait rendu la marge des feuilles dans la presse impossible avec une largeur insuffisante. Pour garder cette largeur de marge, la feuille était imprimée sur un côté, puis reprise une deuxième fois pour l’impression de l’autre côté en la faisant tourner d’un demi-tour. Contrairement à ce que pense Dominique, il n’y avait pas de dispositif pour le retournement, et pas de temps gagné puisqu’il fallait reprendre les feuilles pour les remarger à la main dans l’autre sens avant la coupe et la séparation pour pouvoir les perforer. Seule la confection des 3 galvanos était gagnée.

Et dans l’exemple montré, la deuxième impression inversée est venue déborder sur l’autre moitié, à la suite d’une mauvaise position au moment de la marge de la feuille. Il faut dire que, à raison de 1000 à 1200 feuilles à l’heure, il n’y avait qu’environ 3 secondes pour attraper une feuille sur la rame et la marger correctement sur les taquets. Il ne fallait pas perdre de temps, sinon gare au tour sans feuille et au dépôt d’encre sur le blanchet, provoquant à la suite une impression recto-verso.

mardi 9 août 2011

RECTO-VERSO

Sur le site
au chapitre "variétés" il est question de recto-verso.

Ce phénomène se produit quand de l’encre a été déposée sur le cylindre de pression, que ce cylindre, soit recouvert de feutre, le "blanchet", de satinette ou d’une "manille", sorte de papier épais.

En typographie, et plus particulièrement en typographie à plat, l’encre est déposée par un tour sans feuille, et dans ce cas toute la feuille suivante se retrouve avec de l’encre au verso, ou par une feuille margée sur une autre feuille déjà imprimée ou par une feuille mal margée, alors le maculage est partiel, comme pour ce timbre :



La feuille de papier a été mal engagée dans les pinces du cylindre et une partie de l’impression a été faite sur le cylindre, et avec la perforation de sécurité, les trous de la découpe ont été encrés, provoquant ce joli report au verso. Il y a fort à parier que l’autre timbre à coté soit avec l’autre partie de la perforation.


En typographie rotative, le dépôt de l’encre ne peut avoir lieu que si la bande de papier se casse. Alors, il faut arrêter la machine, repasser la bande entre les cylindres et les feuilles sont totalement fautées et éliminées. Mais il est arrivé que la satinette soit encrée partiellement en raison d’un trou dans le papier, un manque de pâte, et au tour suivant du cylindre clichés, il y a eu des feuilles maculées au verso (une sur deux) à l’emplacement du trou. Ces feuilles ont été retirées, remplacées et éliminées. Peut-être pas toutes ?

Cependant, certaines feuilles sont considérées comme recto-verso. Alors ce sont des feuilles maculées au verso par une encre pas encore sèche.

Plusieurs possibilités :
- maculage lors de l'enroulement des bobines de timbres en taille-douce pour les carnets, où l'encre n'est pas encore sèche en raison d'un arrêt de la rotative et donc du four-tunnel IR pas suffisamment chaud pour un séchage complet de l'impression lors de la remise en route.
- maculage des feuilles coupées (pour les mêmes raisons) alors qu'elles sont "taquées" pour les aligner et les ranger sur le paquet, le "mille". On y retrouve l'empreinte des doigts de la main au verso.
- maculage des feuilles en typo, trop serrées lors de leur alignement avec une encre qui bien sûr n'est pas sèche à la sortie des feuilles.


Pour le re-entry évoqué, une feuille peut être passée deux fois et l’impression est doublée. C’est possible pour une impression à plat. Cela ne l’est pas en impression rotative où la bande ne peut repasser une deuxième fois sous les galvanos.

Le re-entry est possible en taille-douce lorsque l'empreinte de la roulette pour fabriquer le cliché ou la virole a été doublée, c'est-à-dire que la molette a été sortie mais n'a pas été remise exactement au bon endroit, avec un léger décalage.

lundi 8 août 2011

ACCORDEON

Sur le blog des "Les News du Phosho"
un pli accordéon :


Ce pli accordéon s'est maintenu depuis l'impression du timbre, puis du perforage et aussi lors de l'impression des bandes phospho et sans doute la coupe finale. Il y a eu sûrement un certain nombre de bandes de timbre ainsi, au vu de son importance.


Le "pli accordéon" semble être un phénomène qui se produit depuis l’impression sur un cylindre, d’abord sur forme plate, puis sur forme rotative. Il semble qu’il n’y en ait pas en impression plus ancienne sur presse à plat, ce qui parait normal.

extrait du site http://semeuse22.free.fr

En typographie sur presse à cylindre et forme plate, c’est le résultat d’une feuille mal margée dans les pinces du cylindre, où le bord du papier n’est pas pincé droit parce qu’il a été trop appuyé sur les taquets de marge. Le papier entraîné sur le cylindre n’est pas à plat et se plisse en s’enroulant sur le cylindre au moment de la pression de la forme. Ce pli est très oblique à l’impression. Il reste ou bien est enlevé au moment du piquage sur la machine à perforer.


Sur les presses rotatives, d’abord en typo puis en taille-douce, c’est le papier de la bobine qui peut présenter un pli, c’est rare, ou bien le pli est provoqué par un déplacement latéral rapide de la bande de papier avant l’impression, quelques fois après, déformant le papier par une différence de tension des deux bords de la bande. Ce pli peut se produire sur plusieurs timbres ou feuilles selon son importance et toujours dans le sens de l’impression, soit verticalement dans la plupart des cas, soit horizontalement ce qui indiquerait le sens de l’impression du timbre.


Il peut aussi se produire en impression rotative offset ou hélio.


Il se produit même chez les faussaires, avec cet exemple, ce qui prouve une impression à feuilles et non une rotative.




Pour répondre à Thierry, ce n'est pas une impression à plat puisqu'il semble que c'est une impression offset, beaucoup plus facile et plus rapide à réaliser pour un faussaire.



Et pour répondre à Dominique, je viens de voir sur "Delcampe" ce 50 Y&T :




imprimé indiscutablement sur une presse à cylindre et forme plate. De tels plis ne me semble pas possible sur une presse à bras, comme celles des débuts de l'impression des premiers timbres Cérès.

samedi 6 août 2011

SONNETTE

Sur le site de Pascal
http://www.pascal-marziano.com
cette superbe "sonnette" et son raccord de bande.

A la fabrication des bobines servant à l’impression sur les rotatives, juste après le gommage du papier, sa coupe en largeur à la demande, il y a l’enroulement. Pour éviter la perte de papier, il est nécessaire de faire des collages pour ne pas avoir des bobineaux inutilisables. De ces collages d’une bande sur une autre, résultent des feuilles fautées, et il y a des risques de casse sur la rotative au moment du perforage. Ces collages ne se voyaient pas sur la tranche de la bobine et pour les signaler il était placé à l’enroulement, une petite bande de papier, "la sonnette", à l’emplacement du collage pour prévenir. Cette bande tombait toute seule mais quelque fois restait sur le papier et passait sous l’impression, laissant après enlèvement cette marque blanche.

Cela se produit en impression rotative, mais pour une impression à plat et en feuilles, comme pour les "Semeuses".

Extrait du site "semeuse22"
Il n’y a pas de bobine, pas de collage, alors ? Pas de sonnette !
Avant l’impression, après la perforation des marques de sécurité, deux losanges encadrant un "haricot", il y avait le comptage des feuilles de papier. Et pour séparer les centaines, la vérificatrice insérait une bande de papier qui, si le "margeur" n’y prêtait pas attention, pouvait tomber sur la feuille margée et s’imprimer en même temps qu’elle, laissant un blanc après enlèvement.

mercredi 3 août 2011

MARIANNE DE CHEFFER

Sur le site de « La Marianne de Cheffer »
Edouard organise un petit jeu entre amis que je vous conseille d’aller voir.

Il nous offre de gagner :


Avec un défaut d’essuyage nous dit-il.

L’auriez-vous deviné, je ne suis pas d’accord. Ce "défaut d’essuyage", trop net, trop régulier, trop droit, n’en est pas un !

Sur les rotatives taille-douce TD6, le séchage de l’encre est assuré par un four infrarouge. La bande de papier est séchée aussitôt son impression. Elle est guidée et maintenue en tension sur de petits cylindres métalliques libres, les "embarreurs", et aussi par des cylindres de même diamètre mais évidés à l’emplacement des timbres, formant des roulettes entre les timbres. A l’arrivée sur ces roulettes, l’encre est déjà sèche, mais il se forme tout de même un dépôt d’encre sur leur pourtour. Pour éviter qu’elles salissent les timbres, il faut les nettoyer en les frottant avec du trichloréthylène. Et c’est au moment du nettoyage de ces roulettes, sans arrêter la rotative, que s’est produit le phénomène, pas fréquent il est vrai, car ce nettoyage est fait le plus souvent la machine arrêtée.

Allez voir le site et participez quand même au jeu, il en vaut la peine. Merci Edouard.

mardi 2 août 2011

VARIETES

Sur le site
des timbres courants très intéressants :


Ce timbre 1 F Marianne de Béquet est spectaculaire pour son décalage des bandes phosphorescentes. A priori ces bandes sont celles d’un haut de feuille, mais avec ce timbre découpé, on ne peut savoir la position dans la feuille et donner une explication. Il ne peut s’agir d’un assèchement de l’encrier, en effet l’impression se fait dans le sens de la hauteur et dans le sens de rotation des clichés. Si le bas du timbre est imprimé, le haut le serait aussi. Un assèchement est progressif et ne se produit pas tout d’un coup.

Tout comme pour ce blason de Saint-Lô :


Pour les mêmes raisons, ce n’est pas un assèchement de l’encrier, mais sans doute, un cliché des bandes défectueux, dont il ne subsiste que la bande centrale.


Pour ce timbre 2,10 Liberté de Gandon, ce n’est pas un anneau-lune comme en typographie où c’est un "picot" du perforage qui vient se coller sur la forme, laissant un rond coloré entouré de blanc. Pour la taille-douce et pour ce timbre, il s’agit d’un petit morceau de gomme du papier qui est venu se coller sur la virole en surépaisseur et avec l’essuyage, il laisse ce blanc entouré d’encre.