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Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

dimanche 7 décembre 2014

LA CROIX DES VACHES

Sur un forum étranger, j’ai trouvé cette interrogation d’un participant qui se demandait le pourquoi de cette impression "albino" sur le côté de ses timbres.

Lorsque certains pays d’Asie, comme le Laos ou le Cambodge, commandaient des timbres-poste à l’ITVF, ils demandaient la production de blocs de 4 timbres entourés d’une large bande blanche, comme ce bloc :


Pour les réaliser, il aurait fallu faire une clicherie spéciale, découper de nouveaux rouleaux et faire un tirage spécial pour une petite quantité de feuilles. Le prix de revient aurait été excessif.

Une solution a été trouvée pour un prix de revient dérisoire. Une fois le tirage terminé pour obtenir la quantité commandée de feuilles de ce type :


Et après l'impression des feuilles non perforées demandées également, la solution la plus simple consistait à enlever les découpages des rouleaux toucheurs à l’emplacement des bandes centrales et en forme de croix, la "croix des vaches" pour les rouleaux, pour obtenir ce résultat :



Si les timbres des bandes manquantes n’étaient plus encrés, il restait quand même les tailles du cliché et par la pression, les marques des tailles, la fameuse impression « albino ».




Les feuilles ainsi produites étaient piquées et enfilées par 25 sur une sorte  d’aiguilles à l’emplacement des points des clichés. Il ne restait plus qu’à les agrafer et les couper à la bonne dimension, pour obtenir les blocs de quatre demandés. 

Pour les timbres imprimés en héliogravure, où on ne peut laisser en blanc les timbres du milieu, la coupe des feuilles était faite en laissant le plus de blanc possible :


lundi 6 octobre 2014

CARNET MAL COUPÉ

Sur le Forum sur les variétés philatéliques françaises
un intervenant demande si ce type de variété est rare :


Dans son édition du 25 septembre, le journal « La Dordogne libre » a publié une partie de la réponse avec ces photos de la machine responsable de ce défaut de fabrication :



Sur ces photos, on peut voir que les carnets, "Fête du timbre" de 2009, ont été imprimés et enroulés en bobines avec 6 carnets en largeur, probablement sur la dernière rotative hélio 307 :

(Document ITVF)

Les bobines imprimées, refendues, sont reprises sur cette machine spéciale pour y être transformées en carnets après une découpe particulière pour donner aux carnets les coins arrondis après pliage.

Sur le carnet fauté, on peut voir que la découpe des timbres à mi-chair a été faite sur la rotative après l’impression, puisqu’elle ne correspond pas avec la découpe extérieure du carnet.


C’est donc la dernière opération sur la machine (en photos) qui a provoqué ce mauvais positionnement de la découpe. On peut penser qu’il y a au moins 3 carnets avec ce défaut et probablement d’autres avant ou après avec le mauvais placement de la bande de timbres au moment de la coupe, peut-être pour une fin de bobine, ou pour une autre raison. Ce défaut n’est certainement pas exceptionnel, les carnets fautés auraient dû être détruits, mais certains ont pu passer le contrôle sans être vus et se retrouver en vente au bureau de poste, mais combien, il est bien difficile de le savoir.

dimanche 22 juin 2014

PRESSE A PLATINE DE TYPE NAPIER

En voyant sur gallica.bnf.fr la photo de cette vue générale des machines à imprimer de la "Fabrique des timbres-poste" du Boulevard Brune à Paris, diffusée par l’Agence Meurisse en 1913, une question se pose : quelle est donc cette presse dans le coin en bas à droite ?


Difficile à dire, mais la même vue dans la plaquette de R. Pouget, directeur de l’Atelier des Timbres-Poste, en 1947, avec l’ensemble des presses en blanc en 1922, précise un peu mieux l’identification.


L’agrandissement confirme que c’est bien une presse à platine système Napier construite par Marinoni en 1874.


En voici une gravure trouvée sur le site du Musée de l'Imprimerie à Lyon : http://www.imprimerie.lyon.fr


Ce type de presse à platine, imaginé par James Murdoch Napier en 1853, a remplacé les presses à bras de type Stanhope. Il a surtout été utilisé pour l’impression des billets de banque, comme à l’imprimerie de la Banque de France.

Il est bien normal que cette presse ait servi pour l’impression des timbres-poste après que l’Administration des Postes ait décidé de retirer la fabrication des timbres à Anatole Hulot pour la confier à la Banque de France.

Voici ce qu’écrivait M. Raulin, chef de l’Atelier des Timbres-Poste, en 1911 :

Dans l'article d'Arthur Maury dans le journal "Le Collectionneur des Timbres-Poste" de mars 1900, une gravure illustre sa visite à l'Imprimerie :


On peut voir cette presse en compagnie d'une autre presse Marinoni, l'Universelle, mais une presse à arrêt de cylindre. Ces types de presses ont donc cohabité en 1900 et jusqu'en 1922 où on peut la voir en compagnie d'une presse Lambert à deux tours.

D'autres constructeurs ont fabriqué des presses sur le principe "Napier", comme "Koenig et Bauer" en 1892


Cette presse pouvait imprimer en deux couleurs, non pas simultanément mais alternativement, une de chaque côté, en deux pressions et avec un encrage automatique séparé. Il ne faut donc pas imaginer qu'elle imprimait les deux couleurs en même temps, comme certains l'ont fait. Le rendement de cette presse était assez limité par le fait qu'il fallait marger les feuilles en pointure sur le tympan pour avoir le repérage des impressions comme pour ces timbres du type "Groupe des colonies" :


Il fallait également deux équipes d'ouvriers, une de chaque côté, pour servir cette presse à deux marbres, deux formes, deux systèmes d'encrage avec rouleaux et encrier, deux mises en train distinctes, mais avec une seule platine de pression.

Il semble qu'en 1922, il ne restait plus que cette presse à système Napier, les autres étant des presses en blanc à arrêt de cylindre ou à cylindre deux tours, et même deux couleurs avec un ou deux cylindres.

Cela fait maintenant 3 ans que ce blog existe. Merci à tous ceux qui le suivent et à ceux qui viennent le visiter.





vendredi 25 avril 2014

LA MELPOMÈNE SANS ORANGE

Sans vouloir donner de suite à une polémique inutile, ce timbre de la "Frégate La Melpomène" sans la couleur orange a suscité un certain nombre de questions sur son authenticité.


 On aurait pu tout d’abord penser à un assèchement de l’encrier, à un manque d’encre de la couleur orange dans l’encrier de la presse taille-douce 3 couleurs. Il ne semble pas que ce soit le cas. Les timbres que l’on a pu rencontrer sur les sites de vente sont tous semblables, qu’ils soient d’une rangée ou d’une autre avec bord de feuille, en haut ou en bas.


Ce timbre a été imprimé couché avec un essuyage de gauche à droite, de bas en haut dans le sens de l’impression. Un assèchement de l’encrier aurait provoqué principalement un manque d’encre au milieu de la bande de papier, comme pour cette bande de timbres pour le bleu du toit :

 

Or le manque de la couleur orange est sur tous les timbres de la feuille et un manque d’encre orange généralisé sur tous les timbres aurait généré un nombre considérable de feuilles qui auraient été à coup sûr éliminées.

Pour un Maître Taille-Doucier de l’ITVF, ce manque d’encre a une autre origine :

Ce timbre a eu à un certain moment des difficultés d’essuyage, avec un traînage de l’encre noire dans les couleurs orange et rouge. Pour en vérifier l’origine, le "cocher", le conducteur de la presse, a desserré les vis de fixation de l’encrier et séparé le ducteur de son toucheur découpé de la couleur orange. L’encre de ce toucheur a très vite manqué dans les tailles, quelques feuilles suffisent, et le cocher a pu faire le constat suivant :


     
-     que les découpages des toucheurs sont bien en place
-   qu’il y a bien un traînage visible du noir et un peu du rouge, et que l’origine est d’une autre raison, la viscosité de l’encre.

En effet, les autres encres ont remplacé partiellement la couleur orange en raison du traînage. Les tailles vidées de leur encre orange sont très visibles et très nettes par leur relief, avec des traces d’encre foncée sur la partie supérieure.

Après cette façon de procéder par enlèvement d’une couleur et d’en voir les effets, il est donc probable que le maître taille-doucier a jugé bon le réglage des rouleaux toucheurs et qu’il a pu modifier la composition de l’encre en ajoutant des produits à sa disposition, pour améliorer le résultat et éviter un traînage trop important.

Une ou plusieurs feuilles ont très bien pu passer inaperçues à la vérification et être vendues.


Pourtant, il y a bien eu des tentatives de truquage, les exemples existent, mais on peut très facilement voir que les couleurs sont altérées, modifiées, le produit utilisé ne pouvant pas agir sur une seule couleur sans toucher aux autres, contrairement à un timbre authentique où les couleurs restantes sont intactes.



Pour répondre à Thierry :

Je crois que vous n'avez pas bien lu. Ces explications ont été validées par un "cocher", maître taille-doucier avec 25 ans d'expérience sur rotative TD3, ce qui est quand même une référence. Toute autre hypothèse n'est qu'élucubration.

Papy24