BIENVENUE

Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

samedi 9 mai 2015

DE LA GRAVURE AU TIMBRE (3)

Voici la suite 3 de cette série d'articles sur l'impression des timbres-poste tchèques écrits par MMiroslav Vondřich  (Extrait de la Revue Philatélique Tchèque FILATELIE 7/2004) et traduits par M. FloriáŠtěpánek

Le cylindre hélio

Le cylindre hélio est essentiellement le même que celui de l'impression en taille-douce, mais sa surface est recouverte de 1 à 2 mm de cuivre. Cette couche doit être parfaitement lisse, parce qu'une autre couche de cuivre, mais seulement d’un dixième de millimètre d'épaisseur (en fonction du diamètre requis) y est appliquée. Cette couche doit être soigneusement rectifiée et polie. La gravure est effectuée uniquement sur cette couche.

Après un tirage, la couche de cuivre est retirée du cylindre et une nouvelle couche est appliquée par procédé galvanique, pour une autre gravure à l'eau forte. Les cylindres sont normalement utilisés pour la production jusqu'à ce qu'ils ne soient plus utilisables pour une raison quelconque. Pour la plupart, il s'agit de la corrosion de leur surface intérieure en acier, qui fait que ceux-ci ne sont plus placés précisément sur l'arbre axial, ou ils sont mécaniquement endommagés irrémédiablement. La durée moyenne de leur vie est différente, de 10 à 15 ans. 

Le traitement des cylindres hélio pour l'impression se fait de trois manières différentes dans le monde aujourd'hui :
1/ par la gravure classique à l'acide,
2/ par l´emploi de la trame hélio spéciale dans les unités d´insolation (flasheuse) où il est inutile d´insoler le papier charbon,
3/ par la gravure automatisée contrôlée directement par l´ordinateur (il ne s´agit pas exactement de gravure, mais de piqûres ou de brûlage au laser des points d'impression individuels).

Parce que les unités d'insolation (flasheuse) pour les ordinateurs ne connaissent pas les demi-tons (mais seulement le noir et le blanc), on ne pouvait pas les employer alors pour l'héliogravure. Après le milieu des années 60, ceci a été rendu possible par la trame hélio spéciale et par la trame stochastique. Aujourd'hui la PTC Prague utilise la gravure classique à l´acide, mais pas à travers le film en demi-teintes, mais précisément à travers le film insolé avec une trame stochastique.

Qu'est-ce qu'une trame stochastique? Si nous regardons une impression offset en couleurs, il est possible de voir, même sous une faible loupe  (même sans, avec une bonne vue) des points individuels de couleur de tailles différentes (en fonction de la densité de la tonalité) dans l'arrangement d´une sorte de "petits bouquets". L'œil humain ne perçoit pas les points de couleur individuels, mais le ton résultant de la couleur, qui est la somme du nombre et de la taille des points d'impression d'une ou plusieurs couleurs. 

Pour l´impression, on utilise dans la plupart des cas le repérage de quatre couleurs, à savoir cyan (Cyan), magenta (Magenta), jaune (Yellow en anglais) et noir (blacK en anglais); ce système est communément appelé CMYK. Selon la qualité du papier sur lequel on imprime, les points d'impression sont différents en taille et en densité – généralement dans les 40 à 100 points par centimètre. Les couleurs individuelles ont un dégradé différent, bien défini, des points d'impression.


La trame stochastique est beaucoup plus subtile. Chaque point (100 par cm) est en outre divisé en neuf petits points. Dans ces neuf points, une certaine combinaison de couleurs est créée par les quatre couleurs (de nouveau en fonction de la densité et du coloris de chaque point). Les points sont si fins que, après l'impression, il n´est plus possible de les percevoir (en considérant leur « imprégnation » minimale sur la surface du papier) même sous la loupe. On peut déjà utiliser une trame aussi fine pour l'impression hélio, car le résultat dépend essentiellement du film en demi-teinte. Pour l´héliogravure (à la différence de l´offset ou de la typographie), on n´imprime pas les points individuels de couleur séparément, mais l´un sur l'autre, la transparence des encres hélio le permet. Le nom lui-même "trame" tire son origine de l´emploi d'une plaque de verre avec la trame gravée, qui agit, selon l'intensité de la lumière, comme une surface de petites loupes séparées, capables de décomposer le film en demi-teintes en points individuels d'impression, avec des tailles différentes, en fonction de leur saturation.

La gravure à l´eau forte

Avant la gravure, le technicien doit préparer le papier charbon (« pigment paper » en anglais) et les bains nécessaires. Le papier charbon est un papier muni d´une  couche photosensible, qui après une insolation et un lavage, crée une sorte de relief qui, pendant la gravure à l´acide du cylindre, détermine la profondeur de chaque alvéole de la trame. Du rouleau de papier charbon, le technicien coupe au format le nombre de feuilles nécessaires et les laisse s’équilibrer à la température de fonctionnement. Avant le travail, il faut plupart des matériaux multicouches (film, papier adhésif et ainsi de suite) est sensible à la température et l'humidité de l´air. Les couches dans ce cas, sont différemment sensibles, provoquant la torsion et l'instabilité dimensionnelle.

Sur le papier charbon "équilibré", le technicien insole tout d´abord la trame hélio où sont des lignes à un angle de 45° dans les deux sens - une sorte de réseau de lignes, dont le but principal est de tenir la racle sur le cylindre d'impression. Puis il insole l´image du timbre en demi-teinte. Le papier charbon ainsi insolé est enroulé sur le cylindre hélio préparé, dans une machine spéciale. Il faut travailler très soigneusement, car le papier charbon est très délicat non seulement aux changements de la température et de l'humidité, mais aussi à la pression sur la machine de transfert. Avec la force variable de la pression latérale, il est possible de faire quelques corrections pendant l'enroulement du rouleau de papier charbon. Si tout va bien, le cylindre est placé dans une autre machine, où le support de la couche photosensible est arrosé et la partie des points individuels de la trame est lavée en fonction de son insolation. Après le séchage, et la vérification optique de la précision du transfert, le cylindre est gravé à l´acide dans une autre machine. Si pour une raison, il y a une imprécision du transfert, l’opération doit être répétée.

La gravure à l´acide du cylindre est contrôlée par une gamme sur le bord de la feuille d'impression. La gravure peut être effectuée dans un écart limité de contraste. Cependant, cette gamme, doit être commencée par l´insolation du papier charbon avec un contraste plus élevé (plus dur). Le processus est clairement visible sur l´impression, où les faibles tonalités (1 - ...) n´impriment pratiquement pas, tandis qu´à partir du champ 7 ou 8 la teinte est pleinement en vigueur. Une gravure plus dure est appliquée principalement pour les inscriptions imprimées par héliogravure. Malgré tous les procédés utilisés, du point de vue technologique et bien décrits, la gravure à l´acide des cylindres hélio est un peu de l'alchimie et exige avant tout une certaine expérience.

Le technicien inspecte le cylindre hélio gravé et fait les corrections nécessaires. Elles consistent principalement en piquage de certains points, le lissage ou le polissage d'autres parties afin que tout le cylindre possède les mêmes caractéristiques sur tous les timbres. Après ces ajustements, le cylindre est chromé et il est prêt à imprimer. Un nouveau cylindre hélio (comme un cylindre taille-douce) n'est gravé à l'eau forte que dans les cas où les qualités d'impression (l'étendue ou la profondeur de la gravure) ne correspondent pas à la maquette du timbre, des dommages mécaniques se produisent, et ainsi de suite. Habituellement, une correction est nécessaire à partir du traitement chromatique. En pratique, cela signifie de répéter tout le processus, généralement avec une nouvelle épreuve d'impression et le déchiquetage des feuilles déjà imprimées.

Pour commencer à travailler sur un timbre, l'imprimerie doit disposer de sa gravure, son épreuve, sa maquette et ce qui concerne l'ajustement spécifique de la feuille d'impression (feuillets, carnets ou vignettes) et même la répartition sur la feuille. La préparation de la production de timbres est exigeante non seulement pour la qualité du travail dans tous les ateliers de l'imprimerie, mais aussi pour le temps. Pour vous donner une idée, la préparation d´un seul timbre en cinq couleurs prend environ deux semaines, sans le traitement chromatique qui est habituellement fait à l’avance.

L´impression

Les cylindres préparés dans l'atelier de moletage et dans celui de la gravure sont transportés vers la salle des machines d'impression, où on a aussi apporté un perforateur spécifique (approprié pour perforer la feuille d'impression), la maquette du timbre avec l´indication des encres utilisées (selon le catalogue de couleurs Pantone) et d'autres informations techniques nécessaires pour la commande (tirage, les délais, et ainsi de suite).

Presse WIFAG

Les machines d'impression rotatives WIFAG sont des machines spéciales pour imprimer des timbres-poste et des produits similaires (timbres fiscaux, étiquettes). La WIFAG 2 comprend trois unités d'héliogravure et une unité d'impression taille-douce,  par conséquent, elle peut imprimer les timbres avec un maximum de quatre couleurs. La WIFAG 3 est équipée de quatre unités d'héliogravure et une unité d'impression taille-douce, par conséquent, elle peut imprimer cinq couleurs. On imprime sur du papier gommé fourni en bobines. Du dispositif de déroulement de la bobine, le papier passe tout d´abord par les sections d´impression hélio, puis par celle d'impression taille-douce; ensuite il est pourvu du numéro de la feuille et de la date de l'impression, il est perforé et découpé en feuilles individuelles.

Quand il reste une quantité minimale de papier sur la bobine, l'impression est arrêtée et la bande de papier est coupée. Ensuite, une nouvelle bobine est chargée et la nouvelle bande de papier est collée à la fin de la coupure. Le papier est passé lentement dans la machine et, après un nouveau repérage, l'impression peut continuer.

Les cylindres hélio sont partiellement immergés dans l´encre dont la viscosité est très faible; l´essuyage est effectué par une lame en acier (racle); il est possible, en fonction des besoins, de l´aiguiser diversement, de l´incliner et la presser avec une force plus ou moins grande sur le cylindre. Le cylindre de contre-pression (dit "presseur") agit contre la virole; ainsi, il est possible d'ajuster même la pression des cylindres entre lesquels passe le papier.

Un mauvais chromage (chrome rugueux) ne permet pas un essuyage parfait de la couleur et cette couleur apparaît alors avec une intensité diverse (habituellement très faible), même dans des endroits où elle ne doit pas se trouver. L'ajustement mutuel (dit repérage) des couleurs est effectué latéralement par un déplacement  du cylindre d'impression et longitudinalement par un allongement ou un raccourcissement de la longueur du papier entre les unités d'impression. Les couleurs individuelles sont disposées dans la machine, comme déjà décrit, principalement par la nécessité du repérage, mais également selon la couleur souhaitée. Par exemple, la superposition du jaune sur le bleu donne une teinte différente de celle créée par la superposition du bleu sur le jaune.

Contrairement à l'encre d'impression hélio, l'encre d'impression en taille-douce est épaisse. Elle est appliquée sur le cylindre d'acier par les rouleaux encreurs et essuyée grossièrement par du papier et complètement par du tissu d'essuyage. Pendant l'essuyage, l'encre est tout d'abord enfoncée dans les creux moletés de la gravure, puis elle est essuyée de la surface du cylindre. Le papier et le tissu avancent en sens contraire de la rotation du cylindre et ils se déplacent même latéralement, créant ainsi ce qui ressemble à une ligne sinueuse sur le cylindre. En cas de surface rugueuse du chrome, l'encre est mal essuyée et une partie de celle-ci peut être imprimée, en particulier sur les bords du papier.  Le cours de l'essuyage en forme de la lettre s a aussi pour résultat que des défauts de faible profondeur, transférés au cylindre par la molette, (peut-être même provenant de la gravure), sont selon la direction du mouvement du tissu d'essuyage à ce moment, essuyés parfaitement ou au contraire, l'encre y est enfoncée. Ces défauts de cliché ont approximativement la même forme et la même distribution sur le timbre, mais ils sont distribués différemment sur la feuille (même sur d'autres feuilles).

La pression est transmise par le cylindre de contre-pression à travers le feutre. L'importance du feutre est dans l'égalisation de la pression et  "l'enlèvement" de l'encre de la gravure. Le conducteur de la presse ajuste tout d'abord l'impression du cylindre en acier (le coloris, la saturation). Puis, en regardant le cours de la bande du papier imprimé, il ajuste le repérage des autres couleurs. Le repérage achevé, il règle la machine à la surveillance automatique de celle-ci. Cette opération doit généralement être répétée plusieurs fois par jour, toujours après l'arrêt de la machine; elle est nécessaire après le remplacement du papier d'impression, du papier ou du tissu d'essuyage ou après d'autres arrêts techniques (encre, perforateur, couteaux).

Chaque fois qu'on démarre la machine, l'impression en taille-douce sur du papier sort en blanc tout d'abord de la presse. Cela ne se produit qu'au moment où le papier imprimé en héliogravure a fini son chemin à partir des cylindres hélio et à travers le cylindre taille-douce. Puis les encres hélio individuelles sont ajoutées.  Progressivement celles-ci complètent l'image taille-douce. Quand une feuille avec une couleur non imprimée passe le contrôle par erreur, il s'agit souvent de la première couleur imprimée – surtout dans le cas où il y a "seulement" une petite extension de couleurs qui n’interfère pas avec l'image du timbre même. Malheureusement, il y a souvent la valeur nominale.

De l’élément taille-douce, le papier revient au début (du point de vue du conducteur en fin) de la machine. Le papier est conduit à la partie supérieure de la machine où la couleur est partiellement séchée. Les feuilles sont numérotées avant la fin du parcours; les numéros des feuilles sont continus et ils ne sont pas remis à 000001 pour chaque commande. Il s'agit des numéros qui sont utilisés pour contrôler le nombre des feuilles imprimées dans la machine (même le papier blanc est aussi numéroté). Chaque jour, on donne une nouvelle date. On peut déplacer les numéroteurs latéralement, même si leur emplacement est presque toujours le même, il ne s'agit pas d'une règle.





20 000 à 25 000 feuilles sont imprimées par l'équipe, selon les difficultés.

(A suivre)

La suite de cette série d'articles sur l'impression des timbres tchèques sera à suivre sur ce blog dans les prochains jours.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire