Pour répondre à un correspondant qui souhaite avoir des
informations au sujet de ce timbre :
Ce timbre français a été imprimé en "camaïeu" en
1959 par l’Imprimerie des Timbres-Poste à Paris.
Ce terme « Camaïeu » est impropre puisqu’il est
utilisé en réalité pour une seule couleur en plusieurs tons, du clair au foncé,
et non pour un ensemble de différentes couleurs obtenues par mélange.
En 1959, l’Imprimerie française utilise la rotative
taille-douce "Chambon" qui ne dispose que de 3 éléments d’encrage
pour un cylindre gravé avec une impression en un seul passage, avec des plages
de couleurs distinctes et juxtaposées, comme on peut le voir ci-dessous.
Pour ce timbre, il a été utilisé la superposition de 3 couleurs :
jaune, rouge et bleu. Bleu pour la valeur et le ciel, rouge pour la fleur en
bas à droite. Les autres couleurs résultent de la superpositions de 2 couleurs
différentes : jaune et rouge pour l’orangé de la fleur de gauche, jaune et
bleu pour le vert des feuilles, rouge et bleu pour le violet de l’Arc, et
peut-être même la superposition des 3 couleurs pour le brun des lignes du haut
et du bas.
Habituellement pour les autres timbres produits en 3
couleurs, chaque rouleau toucheur est découpé pour déposer son encre sur les
endroits prévus sans en dépasser les limites pour éviter qu’une couleur ne
vienne polluer sa voisine, et même avec une extrême précision pour éviter le
traînage à l’essuyage d’une couleur sur l’autre.
Pour ce timbre des Floralies parisiennes, les rouleaux
toucheurs ont été découpés en laissant la matière pour obtenir soit la couleur
pure, soit son mélange par la superposition avec une autre couleur. Ce qui
donne cet effet de polychromie avec un seul passage pour un seul cliché
taille-douce en creux. Le maître taille-doucier a dû être très adroit et très
concentré sur le découpage des rouleaux pour ne rien oublier des
superpositions.
Il devait être très expérimenté pour obtenir un tel résultat
pour l’impression. C’est très difficile. Il a fallu une extrême précision pour le
réglage des rouleaux toucheurs, leur pression sur le cylindre cliché, et le
réglage des encriers. Plus ou moins d’une couleur sur une autre change
totalement le résultat, ainsi que le réglage du cylindre essuyeur qui peut
lui-aussi changer ce résultat en enlevant plus ou moins d’encre dans les
tailles. Sans compter que le deuxième rouleau récupère l’encre du précédent et
finit par polluer l’encre de son encrier pour en modifier la teinte. Il faut de
temps en temps vider l’encrier pour en remplacer l’encre. Il y a eu beaucoup de
variations dans les couleurs résultant de superpositions.
Pour un tirage normal, il y a un certain nombre de feuilles
mal imprimées à chaque démarrage de la presse, à chaque changement de bobine
papier ou changement de bobine de papier anti-maculage, pour certains réglages
habituels, mais pour notre tirage des Floralies, les difficultés ont été
additionnées et même multipliées, ce qui fait que pour ce tirage de plus de
127000 feuilles livrées, le pourcentage de feuilles éliminées a dû être très
important. C’est probablement la raison qui explique que l’expérience n’a pas
été renouvelée, sauf pour des tirages de faible quantité comme pour Monaco ou
certains pays d’Asie.
Pour ce timbre de Monaco imprimé dans les mêmes conditions
:
On peut voir les 3 couleurs utilisées sur cet essai de
couleurs : jaune en haut, rouge au milieu et bleu en bas, pour l’ordre des
rouleaux sur la rotative
et sur la rangée du bas, les variétés de couleurs qui
seraient possibles selon les découpages des rouleaux toucheurs.
Ces timbres ne sont pas les seuls réalisés selon ce procédé
dit de "camaïeu". Pour les Etats-Unis, une autre machine est
utilisée :
Après un premier essai en 1961 :
et en 1962 et 1964 :
Il ne semble pas qu’il y en ait eu d’autres ainsi après,
sinon des timbres polychromes avec une impression mixte, hélio - taille-douce
ou offset - taille-douce.
Il est possible que ce procédé ait pu être utilisé dans
d’autres pays, à vous de le signaler dans un commentaire …
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