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Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

samedi 2 mai 2015

DE LA GRAVURE AU TIMBRE (2)

Voici la suite de cette série d'articles sur l'impression des timbres-poste tchèques écrits par MMiroslav Vondřich  (Extrait de la Revue Philatélique Tchèque FILATELIE 5/2004) et traduits par M. FloriáŠtěpánek

La taille-douce en combinaison avec l'héliogravure

Tout d'abord, nous allons expliquer quelques concepts de base. L'impression de la taille-douce en acier (ou en cuivre) est celle en creux à partir d'une forme d'impression (plaques ou cylindres) en acier (ou cuivre). Il s'agit toujours d'une forme linéaire, c'est-à-dire l'image est gravée au burin ou à l'eau forte (ou moletée ou créée par galvanoplastie) - elle se compose de lignes individuelles ou de points. L'encre de ce type d'impression est épaisse et il faut la faire pénétrer dans les endroits en creux de la plaque d'impression (moule); mais, en plus, elle doit être parfaitement essuyée de la surface. Elle est ensuite transférée par une pression forte mais souple de la forme d'impression sur le papier.
Presse WIFAG
Par héliogravure, nous comprenons impression en creux (comme en taille-douce), mais la forme d'impression est produite photo-chimiquement. Il s’agit toujours d'une impression par des cylindres. L'image imprimée est divisée en alvéoles individuelles (trame hélio), dont la profondeur variable donne des quantités variables d'encre, et donc une saturation différente des couleurs. Pourquoi des "alvéoles" individuelles d'impression ? L'impression se fait avec de l'encre très liquide, dans laquelle le cylindre est partiellement immergé, l'excédent de l'encre est enlevé de la surface de celui-ci par une lame en acier (appelée "doctor blade" en anglais). Cette lame d'essuyage court sur la surface du cylindre qui est de la même hauteur partout, en effet, grâce aux murets (ou muretins) des alvéoles d'impression. Sans ces murets, toute l'encre serait pratiquement enlevée du cylindre par la lame souple. Les alvéoles individuelles sont disposées très densément (environ 100 par centimètre), et les murets sont très minces. L'encre hélio de faible viscosité s'imbibe et se diffuse dans le papier de sorte que la trame n'est presque pas visible (seulement dans les tons faibles, où la quantité de l'encre ne permet pas une grande pénétration, la trame est visible à la loupe).

Le cylindre taille-douce

Le cylindre taille-douce est un tube d'un diamètre de 185,6 mm, d’une longueur de 350 mm et d’une épaisseur de paroi d'environ 18,5 mm. Il est muni d'une encoche pour un positionnement précis sur l'arbre axial. Cela s’applique aussi aux cylindres hélio; tous les arbres utilisés ont le même positionnement, qu’il s'agisse des arbres de l'atelier de moletage, de celui du chromage et de celui de la gravure profonde à l’acide. (Si les cylindres hélio étaient différents de ceux pour l'impression en taille-douce, il serait impossible de les moleter pour l'héliogravure).


Moletage d'un cylindre

Le moletage des cylindres en acier se fait au moins deux fois pour chaque timbre. Après le premier moletage, le cylindre est poli, parce qu'il faut enlever toute la matière déplacée. Il faut se figurer que ce sont de fortes pressions et que le métal déplacé doit "s'échapper" par quelque part. Le deuxième moletage est une manœuvre très délicate. En effet, la molette n'est placée à l'endroit précis sur les timbres déjà moletés que par le sens du toucher. Et encore, la distance entre la molette et le cylindre est seulement d'environ 2 mm. S'il y n'a pas un endroit sur la gravure du timbre où la molette "s'agrippe bien", ce qu'on appelle "le moletage double" (re-entry en anglais) peut se produire. Le matériau du cylindre se déforme aussi par le moletage, de sorte que les deux feuilles imprimées ne sont pas les mêmes. Les différences sont mesurables et varient environ de 0,2 mm. Après le moletage, le cylindre est chromé. Celui-ci ainsi préparé, revient dans l'atelier de moletage, où il est inspecté. S'il est correct, il est transmis à l'atelier d'impression rotative. Si l'impression le nécessite, le cylindre est moleté de nouveau. Le moletage sur le chrome élargit et approfondit la gravure transférée, mais il peut aussi provoquer la fissuration du chrome. Ensuite, cela peut se manifester dans l'impression comme des lignes faibles qui évidemment ne font pas partie de la gravure. On les rencontre généralement (mais pas toujours) dans les mêmes emplacements sur les timbres, mais dans une mesure différente, dans des formes diverses et dans la saturation variée des couleurs. Un exemple typique se trouve sur le timbre de la République tchèque, numéro du catalogue Pofis 243.

Et combien de fois la molette est-elle réellement utilisée ? Avec les timbres au plus petit format d'image, ceux de 19 x 28 mm, elle est enfoncée 200 fois dans le cylindre et avec le moletage sur le chromage encore cent fois de plus. Et encore, elle doit être si bien faite qu'elle puisse encore être utilisée.



Après le montage de tous les cylindres d'impression sur la machine, une épreuve est faite, généralement en même temps que l'épreuve officielle avec la participation de l'auteur de la conception visuelle, du graveur et d'un représentant de la Poste tchèque. Après l'approbation ou après des observations éventuelles, des réparations sont habituellement effectuées sur le cylindre. Il s'agit principalement de lissage de fissures diverses. Ces actions ne peuvent être réalisées que là où la gravure le permet. Cela signifie en pratique que les retouches ne sont pas possibles à la proximité des gravures, en particulier dans les inscriptions. Néanmoins, les défauts sont éliminés dans la plupart des cas et l'impression peut commencer.

S'il y a des défauts sur le cylindre qui ne peuvent être supprimés de cette manière, mais s'ils sont réparables, les procédés suivants sont couramment utilisés : le cylindre est déchromé et renvoyé dans l'atelier de moletage où les défauts sont enlevés, ou si la gravure est généralement ou unilatéralement plus faible, le cylindre est moleté de nouveau. Par exemple, il est possible de dévier la molette de sorte qu'un côté de celle-ci soit pressé plus fortement que l'autre. Ainsi, le renforcement unilatéral du dessin de la gravure est réalisé. Après les réparations, le cylindre est chromé de nouveau et il est retourné à la presse par l'atelier de moletage.

La mauvaise qualité du chrome est une autre cause de la détérioration de la gravure. Lorsque le chrome est rugueux, il faut chromer le cylindre à nouveau. Un rechromage est fait, même lorsqu'une certaine quantité de feuilles d'impression est imprimée - généralement autour de 60.000 pièces. Alors le cylindre est déjà tellement usé qu'il y a un affaiblissement de l'impression; le chrome reste dans les tailles de la gravure, il disparaît de la surface du cylindre et ainsi la profondeur de la gravure est diminuée. Le papier d'essuyage, la toile d'essuyage et même le papier d'impression causent l'abrasion du chrome.

Chaque rechromage est accompagné par le risque de défauts. Pour la plupart, il s'agit des ouvertures des coupures rebouchées ou de l'émergence de nouveaux défauts causés par les impuretés dégagées de la surface de l'acier. Par conséquent, il est nécessaire d'inspecter le cylindre à nouveau et de vérifier soigneusement l'empreinte après chaque opération. Les défauts qui ne sont pas visibles à l'œil nu ou ceux qui ne perturbent pas l'image même du timbre en général ne sont pas détectés pendant l'impression.



Un nouveau cylindre en acier n'est moleté qu'en cas de défauts irrécupérables qui perturbent l'image du timbre, ou en cas d'endommagement du cylindre et ainsi de suite. Après la fabrication d’un nouveau cylindre en acier, il est très souvent nécessaire de déchiqueter les feuilles déjà imprimées et de faire une nouvelle épreuve en présence des personnes autorisées.

Traitement des encres hélio

La plupart des timbres imprimés en impression rotative est imprimé en couleurs multiples. On peut en avoir cinq au maximum (une pour l´impression taille-douce et quatre pour celles en héliogravure). Le traitement chromatique, improprement dit « lithographique », c´est-à-dire la sélection des couleurs créant la vision des couleurs après l´impression, est aussi important que le moletage. Si possible, les timbres sont imprimés avec des encres dites directes - ce qui signifie qu'on n´utilise pas la superposition des encres classiques de l´impression en quadrichromie : cyan, magenta, jaune et noir  (système CMJN – CMYK en anglais), mais on prend pour base les couleurs qui dominent sur le timbre.

Il n´est pas possible de superposer plusieurs couleurs, en particulier si les inscriptions sont imprimées en héliogravure. En effet, aucune rotative n´est capable d'un repérage d'une précision absolue. C'est causé par le long cheminement du papier, qui est diversement entraîné par la pression sur les unités d'impression; sa structure n´est pas la même partout dans la bobine et elle est souvent variable en épaisseur latéralement (la toile sur laquelle le papier est fabriqué à l'usine est d'environ 4 m de largeur, et il n´est pas techniquement possible de maintenir la même épaisseur dans son intégralité). Encore une autre raison importante qui exige l´emploi des couleurs directes. Alors que la meilleure impression hélio est obtenue sur un papier lisse et enduit (couché), l'impression en taille-douce exige un papier très souple, mais pas enduit.  Par conséquent, il est nécessaire que pour l'impression en taille-douce qui est la dernière impression, qu'il y ait le moins de couches d’encres possibles.

Aujourd'hui,  la sélection des couleurs traditionnelle à la main n'est plus utilisée, les timbres sont traités par ordinateur. Tout d'abord, on fait le scan du dessin détaillé,  puis on fait le scan de la maquette du timbre elle-même. La maquette doit s'adapter en dimension au dessin détaillé qui, en dépit d'être dessiné d'après la maquette, n'est pas de même dimension; pourquoi c'est ainsi, je l'ai déjà décrit dans la section précédente. Après l'unification des dimensions, le technicien doit "lire" le résultat et trouver les couleurs appropriées. Ces couleurs apparaîtront alors, comme les marques de repérage, au-dessous de la feuille.  

Le technicien doit traiter les couleurs de sorte qu'elles soient compatibles avec la maquette et les possibilités de la technique hélio. L'héliogravure, par exemple, ne peut pas imprimer de tons saturés en-dessous de 15% - chaque alvéole d'impression est déjà si peu profonde que l'encre ne s'y accroche pas, ou alors l'impression est inégale. Ceci est clairement visible dans le premier et le second champ de l'échelle au bord de la feuille d'impression. Parce qu'il n'est pas toujours possible d'assurer la bonne composition ou la tonalité des encres, il est souvent nécessaire de consulter le résultat de ce travail avec l'auteur de la maquette.

Avec cela, il ne faut jamais oublier que, sur le cylindre, il y a jusqu'à 200 timbres qui ne doivent pas être différents les uns des autres. Par conséquent, il est nécessaire de maintenir, dans l'atelier de moletage, celui du traitement chromatique, dit "lithographique", celui de la photographie de reproduction et celui de la gravure à l'eau forte des cylindres hélio, des conditions qui garantissent ce résultat.

La production des cylindres hélio

Après le traitement chromatique du timbre, le travail passe en suivant à l'atelier de la photographie de reproduction. Le montage des feuilles d'impression pour les cylindres hélio y est effectué.

Aujourd'hui, cette partie de la production est aussi exécutée sur les ordinateurs. Le timbre est généralement traité par photographie  dans la dimension du format original de la maquette, c'est-à-dire agrandi six fois. Tout d'abord, le photographe le réduit au format d'impression, puis il crée une feuille d'impression dans les dimensions normales avec les espacements entre les timbres (ou le champ du cylindre taille-douce), et après il l'insole sur un film (mais uniquement le dessin détaillé - c'est-à-dire pour la plupart, le noir ou une autre couleur qui est imprimée plus tard en taille-douce). Il serait inutile d'insoler les autres couleurs sur le film, parce que, jusqu'à la fin de cette phase de production, toutes les couleurs sont repérées ensemble. Cela garantit le repérage ultérieur et seul le dessin identique peut  être monté avec précision sur le cylindre d'acier.

Il s'agit principalement de la correspondance des dimensions du timbre moleté avec celles sur le film, puis de la largeur et de la longueur de chacune des feuilles (champs) d'impression sur le film (en réalité, de la modification des disproportions dimensionnelles du timbre et de celui traité en photographie selon le négatif du dessin détaillé et d'une distance entre les timbres dans les deux sens) et de l'orientation du timbre. En effet, dans l'atelier de moletage, les timbres peuvent être espacés sur la largeur du cylindre - dans le cas où leurs cadres ne sont pas gravés - seulement par des petites croix qui ne peuvent pas se trouver toujours dans le plan du timbre. Ces croix sont dessinées sur le dessin détaillé et celui-ci n'est pas toujours tout à fait exact (il a déjà été décrit pourquoi); pendant la gravure du timbre, il suffit de graver une seule ligne près du bord de l'image, et le résultat est presque toujours que les croix ne sont "pas en place". Bien qu'il s'agisse de centièmes de millimètre, au total, cela fait  des dixièmes. Les deux feuilles de timbres imprimées sont également différentes quant à leurs dimensions. L'opération de l'ajustement des timbres dans les feuilles d'impression est encore très exigeante sur l'exactitude et elle peut être répétée entièrement plusieurs fois jusqu'à ce que tout se trouve en place comme il convient.

 Le cylindre hélio préparé pour l'impression

Puis vient la phase suivante des préparatifs : le montage même pour les cylindres hélio. Toutes les couleurs d'impression en hélio, pour les deux feuilles de timbres (les futures planches d'impression 1 et 2) sont insolées sur un film. Les films pour les couleurs différentes sont collés, avec un espacement précis entre les timbres, sur des supports transparents, puis les marques de repérage sont collées et, au bord, les échelles  pour le contrôle de la gravure à l’acide. Il y a aussi d'autres marques (principalement sous la forme de lignes), qui spécifient au technicien de la gravure à l’acide la direction exacte des films, en longueur pour le montage et la répartition des feuilles d'impression sur le tour du cylindre. La marque de repérage y est collée  selon l'ordre des couleurs sur la machine. La séquence des couleurs est généralement déterminée par la difficulté de leur repérage avec l'impression taille-douce. La couleur avec les plus hautes exigences sur le repérage est imprimée juste avant l'impression taille-douce. Le repérage des couleurs sur la machine est en fait réalisé à partir de l’impression taille-douce, qui est la dernière sur le parcours du papier (ce sera décrit plus en détail dans le chapitre sur l'impression). Les "montages" ainsi prêts sont livrés à l'atelier de gravure à l’acide.
(A suivre)


Commentaires de Papy24 : Si les procédés de fabrication des cylindres clichés sont très ressemblants avec ceux de l'ITVF, il y a cependant des différences importantes :

Les cylindres ne comportent que deux feuilles de timbres au tour, en taille-douce et en hélio. Ces cylindres sont en acier et ne sont pas recouverts de cuivre. L'Imprimerie tchèque procède à un nouveau moletage après le chromage des cylindres.

La suite de cette série d'articles sur l'impression des timbres tchèques sera à suivre sur ce blog dans les prochains jours.


samedi 25 avril 2015

DE LA GRAVURE AU TIMBRE (1)


Voici une série d'articles sur l'impression des timbres-poste de Tchécoslovaquie par Miroslav Vondřich  (Extrait de la Revue Philatélique Tchèque FILATELIE 4/2004)
Traduction de Florián Štěpánek

Au sujet de M. Miroslav Vondřich nous savons qu'il est un typographe expérimenté, un membre d'une famille dont la tradition d'imprimeurs remonte à plusieurs générations. En tant que spécialiste il n'est pas seulement connu parmi ses collègues de l'industrie de l'impression, mais grâce à des années de travail dans l’impression des timbres-poste, il est aussi connu par un certain nombre de philatélistes, en particulier ceux qui se spécialisent dans les défauts d'impression de nos timbres. Récemment, il a pris sa retraite, et nous sommes heureux qu'il ait accepté de partager avec nous, dans une série d'articles, ses connaissances professionnelles en ce qui concerne la préparation de la production et la production elle-même des timbres et qu'il est prêt à nous faire connaître le milieu de l'Imprimerie et aussi de partager avec nous un peu de ses souvenirs.

L'impression des timbres-poste dans l'Imprimerie postale des valeurs  (Poštovní tiskárna cenin = PTC)

Tout d'abord, un peu d'histoire. En 2003, 50 années étaient passées presque inaperçues depuis le début de l'impression des timbres-poste dans la nouvellement créée « Imprimerie des Communications », qui a changé plusieurs fois de nom au cours de son existence. Celle-ci a été créée en fusionnant l’atelier d’impression, situé dans le sous-sol du bureau de poste Praha 002, rue Opletalova, et l’atelier de reproduction, situé à l’Hôtel des Postes, rue Jindřišská. La nouvelle imprimerie est devenue partie intégrante de la Centrale économique des Communications, à qui a été donné, en 1968, un immeuble à Prague - Holešovice; elle y est encore située à la même adresse aujourd'hui. 

 L'immeuble PTC  à Prague - Holešovice

Selon la décision des organes de l’Etat et du parti,  probablement en 1948, l'impression des timbres-poste a été transférée de l’Imprimerie Česká grafická unie  (1899 - 1948) alors rebaptisée Naše vojsko en 1949, plus tard Polygrafia en 1959. L'impression rotative était réalisée sur les deux machines Stickney, ou à partir de clichés plats sur la machine Johnston. Relativement peu de temps plus tard, ces machines obsolètes ont été remplacés par des machines neuves : la rotative deux-couleurs taille-douce/hélio WIFAG 1, et les presses taille-douce à plat Heim et Waite & Saville.

A la fin des années soixante, dans le cadre de la construction du nouveau bâtiment de l'imprimerie, la seconde WIFAG 2, quatre-couleurs, a été achetée. Plus tard, déjà dans le bâtiment neuf,  WIFAG 1 a été remplacée par la rotative cinq-couleurs WIFAG 3 (les numéros des machines WIFAG ne sont en fait que les numéros d’ordre de leur succession).

En plus des timbres, l’Imprimerie postale des valeurs (Postovni tiskarna cenin, PTC) a imprimé et imprime aussi des formulaires communs, dépliants, tickets, actions, etc. dans le département dit des autres impressions. Au cours des dernières années, la production a été sensiblement améliorée et élargie de façon qu’il soit devenu possible d’imprimer les timbres par la combinaison offset/taille-douce à plat. Sur les appareils à la disposition de la PTC, on peut naturellement aussi imprimer les timbres uniquement en offset.

I. L'impression rotative
 
Les deux machines WIFAG en service à l'heure actuelle comprennent une unité d'impression taille-douce et des unités d'héliogravure pour les autres couleurs. La même chose était vraie pour la WIFAG 1 qui est maintenant hors service. Lorsque la production a été lancée sur la
presse WIFAG 1, l'imprimerie n'avait pas l'équipement de gravure à l'eau forte pour les cylindres héliogravure et donc après plusieurs tentatives avortées pour les produire à l'imprimerie Naše vojsko, les cylindres d'héliogravure ont commencé à être moletés. Le moletage des cylindres de cuivre, cependant, a présenté un certain nombre de problèmes, c'est pourquoi il a été abandonné. Ensuite des cylindres en acier ont été moletés. Pour cette méthode d'impression, il est bien sûr nécessaire de faire une gravure pour la couleur en héliogravure. Ce type de technologie a été plus tard utilisé pour des timbres imprimés sur WIFAG 2 et WIFAG 3 même si l'équipement de gravure était disponible depuis que la presse WIFAG 2 a été mise en service.

Presse WIFAG
  
Pour l'impression moletée sur l'unité d'héliogravure, je recommande la désignation "héliogravure moletée". C
ependant, le ton de la couleur créé par cette technique manque de gradation en demi-teinte. Cette lacune est partiellement traitée par la densité de la gravure, soit par des lignes gravées dans un sens ou des hachures. En outre, les lignes individuelles de la gravure doivent être gravées, si possible, à un angle de 45°, sinon il y a le risque que l'encre liquide ne reste pas sur le cylindre héliogravure moleté pendant l'impression.

La copie "pâle" de la maquette, le dessin détaillé, la gravure

La maquette du timbre, généralement agrandie six fois, est convertie par procédé photographique en une copie dite "pâle". C'est en apparence une photocopie en noir et blanc sous-exposée de la maquette. Mais il s’agit d’une copie exposée faiblement, générée par un film panchromatique (toutes les couleurs de la maquette doivent être bien discernables) sur un papier photo spécial (avec un substrat contenant de la craie pour pouvoir le gratter). Sur cette copie, le graveur effectue le dessin détaillé à l'encre de Chine, c’est à dire, il convertit l’image essentiellement en demi-teinte en lignes et points pour la gravure; le résidu de la couche photographique est ensuite lavé. Il y a des différences dimensionnelles entre la maquette et la photocopie – le papier photo change de dimension à plusieurs reprises par l’effet du trempage et du séchage.

Aujourd'hui, avec le développement de la photographie couleurs et, en particulier, celui du numérique et aussi celui de l'édition des photos par l'ordinateur pour l'impression, les producteurs de films aux couches déjà sensibilisées renoncent à leur production. Les unités de production n’ont pas besoin de matériel panchromatique. Pourtant, il y a une possibilité – et on a commencé à l'utiliser – celle d'employer la technologie informatique pour créer une copie "pâle". C’est la trame stochastique, qui peut créer les demi-teintes - mais plus à ce sujet dans le chapitre sur la préparation des cylindres hélio.

Puis encore, le dessin détaillé est transféré par procédé photographique sur une plaque d'acier à la dimension réelle du timbre. Le dessin y est très légèrement gravé à l'eau forte pour ne pas être effacé pendant le travail et pour que le graveur puisse contrôler les progrès ou tirer les différentes phases de la gravure, sans enlever le reste du dessin copié. La gravure est réalisée dans une plaque d'acier, habituellement de dimension 7 x 8 cm. On utilise de l'acier grade 12 (standard tchécoslovaque 12 020). Au cours des dernières années, il y a eu des difficultés considérables avec sa fourniture et ainsi on le remplace par l'acier 12 050, qui est plus dur cependant, et entraîne des problèmes pour les graveurs (il est difficile de graver les traits, les burins se cassent, etc.).

Les plaques sont préparées à partir d'une bande d'acier. Après être coupées à la taille nécessaire, leur surface est arasée, aplanie et polie. Leur surface doit être exempte de fissures ou d'autres défauts. Les défauts mineurs en dehors de l'image propre du timbre ne comptent pas. Mais il ne faut pas les oublier dans les phases suivantes de la production et les enlever sur la molette.

Le dessin de la maquette et la gravure sont en règle générale le travail d'un seul graveur. Il s'agit d'un travail exigeant qui nécessite beaucoup plus que juste un métier bien maîtrisé, surtout dans le domaine du dessin. La gravure doit avoir une profondeur correcte, les traits doivent être gravés dans le bon sens, le graveur doit prendre en considération, par exemple, le sens de l'essuyage et dans ce cas, disposer et modifier le trait en conséquence. La profondeur de la gravure crée aussi la saturation du ton de la couleur. Les traits doivent être suffisamment nets pour être transférés par la molette, mais ils ne peuvent pas être trop fins ou au contraire, trop profonds. Les traits qui sont trop fins se cassent au moletage tandis que ceux qui sont trop gros soit ne parviennent pas à être transférés de la gravure sur la molette en raison de la pression insuffisante, soit en étant pressés sur le cylindre d'impression (ou la plaque) les traits alentour qui sont plus faibles et moins profonds ne sont pas transférés. La profondeur usuelle des tailles est de 0,2 - 0,7 mm.

Au stade suivant de la production, l'agent chargé du transfert sur la molette regarde la gravure et mesure sa profondeur -  surtout dans les endroits sensibles. Si la gravure est bonne, l'imprimerie reçoit en production. Si des problèmes surviennent, le graveur peut encore la modifier. Les modifications consistent essentiellement en profondeur sur certaines tailles, ou dans la modification des lignes dans le sens de l'essuyage (procédé dit  “piquage du peigne“ - les tailles gravées dans le sens de l'essuyage devront être pourvues de cavités plus profondes, à 1 mm environ d'intervalle, pour retenir la couleur).  L'agent peut aussi être alerté sur certains défauts du poinçon incorrigibles, qu'il peut alors retirer sur la molette (mauvaises rayures, défauts de gravure, etc.). Voici les premiers défauts de la plaque qui peuvent survenir, mais à voir dans le chapitre sur l'impression.

La molette, ses modifications et réparations

La molette est un cylindre d'acier doux, ayant un diamètre de 72 mm, pouvant être durci, qui transmet la gravure sur la virole ou sur la plaque. La largeur de la molette varie en fonction de la taille du timbre. Avant le moletage, le
poinçon est durci par la trempe. La trempe ne doit aller qu'à une certaine profondeur pour que le poinçon n'éclate pas sous la pression de transfert. Le poinçon doit également être orienté axialement pour se trouver droit sur la molette et puis sur la virole.



A l'imprimerie, la molette est usinée dans une barre d'acier par tournage et polissage. Comme pour la plaque du poinçon, sa surface doit être lisse et exempte de défauts. Pour la molette, un percement précis est fait pour l'axe sur lequel elle est fixée sur la presse à transfert. Une autre presse est utilisée pour le transfert de la molette sur la virole.

 Le transfert du poinçon à l'aide de la molette sur la virole.

Après le montage du poinçon sur la presse à transfert, la molette y est pressée en étant roulée plusieurs fois en "va-et-vient".  Puis le "moletteur"  la retire et examine si tout est bien transféré (ça se vérifie en la regardant et en la comparant avec la gravure et avec l'épreuve du graveur). En raison de l'expérience de ces agents, un nouveau transfert est exceptionnel. Par exemple, cela n'arrive qu'au cas où le poinçon ou la molette ne sont pas absolument plats ou qu'une partie de la figurine n'est pas transférée en relief suffisant. La raison peut être la densité de la gravure unilatéralement élevée. L'augmentation de la densité de la gravure nécessite bien sûr une pression plus élevée pour le transfert, mais il est difficile de prédire «de combien». Il faut donc mettre une cale d'épaisseur à cet emplacement et faire un nouveau transfert.

Selon sa taille, la molette peut contenir de deux à quatre timbres. Certains défauts du poinçon (mauvaises rayures, défauts de gravure, etc.) peuvent y être enlevés par grattage ou polissage. Si le transfert est réussi, la molette est trempée et est prête pour être transférée sur la virole.

Au cours du moletage, il faut maintenir scrupuleusement la propreté parce que même le moindre grain pendant la phase de production peut causer, plus tard, des défauts de la plaque (d'ailleurs, le terme traditionnel "défaut de la plaque" n'est pas le plus apte, l'expression plus précise serait "défaut du cliché" parce que le cliché peut être plat, comme par exemple, la typographie ou la plaque de la taille-douce à plat, ou rond comme le cylindre d'impression en héliogravure ou en offset). Il faut examiner toute la molette parce qu'un défaut situé même au bord de la molette est transféré au cylindre et puis se montre, par exemple, dans la ligne ou la colonne voisine des timbres.

D'autres défauts qui se manifestent pendant l'impression, se produisent au cours du durcissement, lorsque les impuretés contenues dans le matériau (acier), celles qui ne sont pas visibles à l'œil nu, peuvent être dégagées de la plaque ou de la molette. Ceux-ci sont ensuite transférés de la molette à la virole et ils peuvent être visibles aux divers endroits de la feuille selon le sens de l'essuyage. La même chose peut arriver avec des coupures rebouchées ou des mauvaises rayures. Une gravure corrigée de cette manière "s'ouvre" souvent en raison de la chaleur pendant le durcissement.

Le moletage démarre par la préparation du cylindre en acier. Il est monté sur un axe et inséré dans la machine à moleter. Il faut l'inspecter, en effacer toutes les fissures et le polir. Seulement alors, le moletage peut commencer.

On commence le moletage en testant la force de la pression sur le bord du cylindre. Ces timbres d'essai devraient être hors du papier à l'impression. Mais il arrive parfois que leur gravure sur le bord apparaît sur la feuille d'impression. C'est provoqué soit par l'alignement de ces tests de pression trop près du centre du cylindre, soit par un mauvais réglage de la course du papier dans la machine à imprimer (cette variante est plus fréquente). On peut le reconnaître par le fait qu'il y a des distances différentes des timbres marginaux jusqu'au bord du papier. La cause est généralement le papier enroulé de mauvaise façon, dont je vais parler dans le chapitre sur l'impression. La position des timbres sur le cylindre est donnée selon leur taille par la roue crénelée sur la circonférence du cylindre et par le nombre de pas du mécanisme à coulisse sur la largeur du cylindre. On molette toujours tout d'abord toute la colonne des deux feuilles imprimées (comme vendues au guichet du bureau de poste), c'est-à-dire sur la circonférence du cylindre, puis le cylindre se déplace latéralement pour un timbre, et le cycle est répété jusqu'à ce que tout le cylindre soit moleté.

(A suivre)



Commentaire de Papy24 : Les rotatives taille-douce Stickney étaient de ce type :



et la presse à plat Johnston :

 
  

En ce qui concerne l’impression taille-douce, il y a très peu de différence entre les processus tchèque et français. A part les presses, une première différence dans la préparation du poinçon avec cette copie « pale » avant la gravure manuelle du timbre. Le transfert du poinçon sur le cylindre est fait de la même façon, excepté que le cylindre cliché n’est pas recouvert de cuivre et qu’il ne comporte que deux feuilles de timbres au tour.



Autre différence, les presses « Wifag » impriment successivement en hélio pour les couleurs et en taille-douce pour une seule couleur. Les presses taille-douce françaises « Chambon » impriment directement en 3 couleurs ou en 2 fois 3 couleurs. Il est à noter que primitivement, la gravure des cylindres hélio était moletée au lieu d’être gravée chimiquement.

Cette série d'articles sur l'impression des timbres tchèques sera à suivre sur ce blog dans les prochains jours.



dimanche 7 décembre 2014

LA CROIX DES VACHES

Sur un forum étranger, j’ai trouvé cette interrogation d’un participant qui se demandait le pourquoi de cette impression "albino" sur le côté de ses timbres.

Lorsque certains pays d’Asie, comme le Laos ou le Cambodge, commandaient des timbres-poste à l’ITVF, ils demandaient la production de blocs de 4 timbres entourés d’une large bande blanche, comme ce bloc :


Pour les réaliser, il aurait fallu faire une clicherie spéciale, découper de nouveaux rouleaux et faire un tirage spécial pour une petite quantité de feuilles. Le prix de revient aurait été excessif.

Une solution a été trouvée pour un prix de revient dérisoire. Une fois le tirage terminé pour obtenir la quantité commandée de feuilles de ce type :


Et après l'impression des feuilles non perforées demandées également, la solution la plus simple consistait à enlever les découpages des rouleaux toucheurs à l’emplacement des bandes centrales et en forme de croix, la "croix des vaches" pour les rouleaux, pour obtenir ce résultat :



Si les timbres des bandes manquantes n’étaient plus encrés, il restait quand même les tailles du cliché et par la pression, les marques des tailles, la fameuse impression « albino ».




Les feuilles ainsi produites étaient piquées et enfilées par 25 sur une sorte  d’aiguilles à l’emplacement des points des clichés. Il ne restait plus qu’à les agrafer et les couper à la bonne dimension, pour obtenir les blocs de quatre demandés. 

Pour les timbres imprimés en héliogravure, où on ne peut laisser en blanc les timbres du milieu, la coupe des feuilles était faite en laissant le plus de blanc possible :


lundi 6 octobre 2014

CARNET MAL COUPÉ

Sur le Forum sur les variétés philatéliques françaises
un intervenant demande si ce type de variété est rare :


Dans son édition du 25 septembre, le journal « La Dordogne libre » a publié une partie de la réponse avec ces photos de la machine responsable de ce défaut de fabrication :



Sur ces photos, on peut voir que les carnets, "Fête du timbre" de 2009, ont été imprimés et enroulés en bobines avec 6 carnets en largeur, probablement sur la dernière rotative hélio 307 :

(Document ITVF)

Les bobines imprimées, refendues, sont reprises sur cette machine spéciale pour y être transformées en carnets après une découpe particulière pour donner aux carnets les coins arrondis après pliage.

Sur le carnet fauté, on peut voir que la découpe des timbres à mi-chair a été faite sur la rotative après l’impression, puisqu’elle ne correspond pas avec la découpe extérieure du carnet.


C’est donc la dernière opération sur la machine (en photos) qui a provoqué ce mauvais positionnement de la découpe. On peut penser qu’il y a au moins 3 carnets avec ce défaut et probablement d’autres avant ou après avec le mauvais placement de la bande de timbres au moment de la coupe, peut-être pour une fin de bobine, ou pour une autre raison. Ce défaut n’est certainement pas exceptionnel, les carnets fautés auraient dû être détruits, mais certains ont pu passer le contrôle sans être vus et se retrouver en vente au bureau de poste, mais combien, il est bien difficile de le savoir.

dimanche 22 juin 2014

PRESSE A PLATINE DE TYPE NAPIER

En voyant sur gallica.bnf.fr la photo de cette vue générale des machines à imprimer de la "Fabrique des timbres-poste" du Boulevard Brune à Paris, diffusée par l’Agence Meurisse en 1913, une question se pose : quelle est donc cette presse dans le coin en bas à droite ?


Difficile à dire, mais la même vue dans la plaquette de R. Pouget, directeur de l’Atelier des Timbres-Poste, en 1947, avec l’ensemble des presses en blanc en 1922, précise un peu mieux l’identification.


L’agrandissement confirme que c’est bien une presse à platine système Napier construite par Marinoni en 1874.


En voici une gravure trouvée sur le site du Musée de l'Imprimerie à Lyon : http://www.imprimerie.lyon.fr


Ce type de presse à platine, imaginé par James Murdoch Napier en 1853, a remplacé les presses à bras de type Stanhope. Il a surtout été utilisé pour l’impression des billets de banque, comme à l’imprimerie de la Banque de France.

Il est bien normal que cette presse ait servi pour l’impression des timbres-poste après que l’Administration des Postes ait décidé de retirer la fabrication des timbres à Anatole Hulot pour la confier à la Banque de France.

Voici ce qu’écrivait M. Raulin, chef de l’Atelier des Timbres-Poste, en 1911 :

Dans l'article d'Arthur Maury dans le journal "Le Collectionneur des Timbres-Poste" de mars 1900, une gravure illustre sa visite à l'Imprimerie :


On peut voir cette presse en compagnie d'une autre presse Marinoni, l'Universelle, mais une presse à arrêt de cylindre. Ces types de presses ont donc cohabité en 1900 et jusqu'en 1922 où on peut la voir en compagnie d'une presse Lambert à deux tours.

D'autres constructeurs ont fabriqué des presses sur le principe "Napier", comme "Koenig et Bauer" en 1892


Cette presse pouvait imprimer en deux couleurs, non pas simultanément mais alternativement, une de chaque côté, en deux pressions et avec un encrage automatique séparé. Il ne faut donc pas imaginer qu'elle imprimait les deux couleurs en même temps, comme certains l'ont fait. Le rendement de cette presse était assez limité par le fait qu'il fallait marger les feuilles en pointure sur le tympan pour avoir le repérage des impressions comme pour ces timbres du type "Groupe des colonies" :


Il fallait également deux équipes d'ouvriers, une de chaque côté, pour servir cette presse à deux marbres, deux formes, deux systèmes d'encrage avec rouleaux et encrier, deux mises en train distinctes, mais avec une seule platine de pression.

Il semble qu'en 1922, il ne restait plus que cette presse à système Napier, les autres étant des presses en blanc à arrêt de cylindre ou à cylindre deux tours, et même deux couleurs avec un ou deux cylindres.

Cela fait maintenant 3 ans que ce blog existe. Merci à tous ceux qui le suivent et à ceux qui viennent le visiter.





vendredi 25 avril 2014

LA MELPOMÈNE SANS ORANGE

Sans vouloir donner de suite à une polémique inutile, ce timbre de la "Frégate La Melpomène" sans la couleur orange a suscité un certain nombre de questions sur son authenticité.


 On aurait pu tout d’abord penser à un assèchement de l’encrier, à un manque d’encre de la couleur orange dans l’encrier de la presse taille-douce 3 couleurs. Il ne semble pas que ce soit le cas. Les timbres que l’on a pu rencontrer sur les sites de vente sont tous semblables, qu’ils soient d’une rangée ou d’une autre avec bord de feuille, en haut ou en bas.


Ce timbre a été imprimé couché avec un essuyage de gauche à droite, de bas en haut dans le sens de l’impression. Un assèchement de l’encrier aurait provoqué principalement un manque d’encre au milieu de la bande de papier, comme pour cette bande de timbres pour le bleu du toit :

 

Or le manque de la couleur orange est sur tous les timbres de la feuille et un manque d’encre orange généralisé sur tous les timbres aurait généré un nombre considérable de feuilles qui auraient été à coup sûr éliminées.

Pour un Maître Taille-Doucier de l’ITVF, ce manque d’encre a une autre origine :

Ce timbre a eu à un certain moment des difficultés d’essuyage, avec un traînage de l’encre noire dans les couleurs orange et rouge. Pour en vérifier l’origine, le "cocher", le conducteur de la presse, a desserré les vis de fixation de l’encrier et séparé le ducteur de son toucheur découpé de la couleur orange. L’encre de ce toucheur a très vite manqué dans les tailles, quelques feuilles suffisent, et le cocher a pu faire le constat suivant :


     
-     que les découpages des toucheurs sont bien en place
-   qu’il y a bien un traînage visible du noir et un peu du rouge, et que l’origine est d’une autre raison, la viscosité de l’encre.

En effet, les autres encres ont remplacé partiellement la couleur orange en raison du traînage. Les tailles vidées de leur encre orange sont très visibles et très nettes par leur relief, avec des traces d’encre foncée sur la partie supérieure.

Après cette façon de procéder par enlèvement d’une couleur et d’en voir les effets, il est donc probable que le maître taille-doucier a jugé bon le réglage des rouleaux toucheurs et qu’il a pu modifier la composition de l’encre en ajoutant des produits à sa disposition, pour améliorer le résultat et éviter un traînage trop important.

Une ou plusieurs feuilles ont très bien pu passer inaperçues à la vérification et être vendues.


Pourtant, il y a bien eu des tentatives de truquage, les exemples existent, mais on peut très facilement voir que les couleurs sont altérées, modifiées, le produit utilisé ne pouvant pas agir sur une seule couleur sans toucher aux autres, contrairement à un timbre authentique où les couleurs restantes sont intactes.



Pour répondre à Thierry :

Je crois que vous n'avez pas bien lu. Ces explications ont été validées par un "cocher", maître taille-doucier avec 25 ans d'expérience sur rotative TD3, ce qui est quand même une référence. Toute autre hypothèse n'est qu'élucubration.

Papy24