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Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

mercredi 2 novembre 2011

MISE EN ROUTE D'UNE TYPO

Nous allons remettre en route un tirage du "Blason de Troyes", un tirage en 20x24, le précédent était en 20x26 pour une "Marianne". Il va donc falloir changer de format.


Il faut changer les cylindres d’appel et en mettre de diamètre inférieur. Sur le côté des blocs, une "flasque" (un montant) se démonte, se retire et laisse libre d’accès les axes supports de cylindre. Il suffit d’enfiler deux cylindres de circonférence égale à la longueur de deux feuilles. Celui du bas est libre, mais celui du milieu est entrainé par un téton sur le côté du cylindre. On change les cylindres et remet la "flasque" qu’on resserre et les deux cylindres étant plus petits que les précédents, il va falloir régler la pression d’entrainement en tournant les deux tiges filetées qui appuient sur les ressorts. Dans un premier temps, on place deux bandes de papier de chaque côté et on serre jusqu’à ce que les bandes soient justes pincées et puissent glisser de façon égale entre les cylindres, puis on rajoute sept tours de pression. La tension doit être égale des deux côtés pour que la bande se déroule droite et éviter les casses de bobine par une tension inégale. On procède de la même façon pour l’autre "appel" avant la sortie. La bande de papier se trouve tendue et bien horizontale entre les deux. La bobine de papier est montée sur un axe reposant sur le porte-bobine et comportant un disque de freinage, freinage obtenu par une courroie de cuir avec des patins de bois qui entourent le disque, et courroie qui est tendue par un ressort et une tige filetée commandée par une manivelle placée près de la réception des feuilles. La force de freinage sur une bobine entière doit être plus forte que sur une bobine en fin de bande. Il faudra donc desserrer le freinage au fur et à mesure de son déroulement. Le papier passe d’abord dans le brise-gomme pour le redresser, et l’empêcher de rouler à la sortie de la machine, avant de le passer par-dessus le premier cylindre, celui d’en haut, libre, avant les cylindres d’appel.

(Document ITVF)

Il faut naturellement changer les clichés. Chaque couleur a son cliché et sa mise en train correspondante sur son cylindre de pression déjà préparée par le service des "Mises". On démonte les flasques pour accéder aux axes, on change les cylindres et remonte le tout. Le cylindre cliché est entrainé sur son axe par un téton pénétrant sur le côté et celui de pression l’est à son tour par l’engrenage fixé sur le côté qui vient s’engager en remontant en serrant les tiges filetées et faisant correspondre les repères inscrits sur les couronnes des deux cylindres. Il faut positionner le cliché de une (celui qui a un point marqué au pointeau sur la barre en dessous du timbre de la 10ème rangée) juste au dessus du numéro impair. Pour faire tourner et mettre en place le cliché, il faut le faire tourner par rapport à la couronne d’entrainement. Cette couronne en bronze, avec des engrenages à 45° pour transformer le mouvement longitudinal de l’arbre de transmission en mouvement rotatif dans le sens de l’impression, est pourvue de lumières pour fixer les cylindres avec de grosses vis. On dévisse, on positionne le cylindre, après avoir pris la précaution de mettre en position centrale le dispositif qui permettra de faire un "mouvement", petit ajustage de position d’un dixième ou deux, et on revisse. La pression sera ajustée plus tard. On procède ainsi pour les trois couleurs et le cylindre numéroteur. Mais pour celui-ci, il faut changer les chiffres des deux numéros pour qu’il y ait continuité dans la numérotation du tirage précédent. Il faut faire tourner la molette crantée jusqu’à obtenir le même numéro. Cette molette fait tourner le numéroteur à chaque tour de cylindre. Il y a deux numéroteurs, pour les numéros pairs et impairs puisqu’il y a deux feuilles au tour. Il faut également s’arranger à faire correspondre le numéro 01 avec le décalage de la centaine de feuilles sur le tapis de réception. Le numéro de machine ne change pas mais il faut changer les deux dates et "mettre à l’heure".

Le service "Mécanique" intervient pour changer le bloc de perforage (le "mouton") qui lui aussi est différent par le format du timbre et assurer le réglage du "jeu" (l'outil de perforage) pour avoir une perforation correcte.


Il faut équiper chaque bloc d’impression de tout son matériel d’encrage. En commençant par le haut, il y a un élément comportant l’encrier avec un "ducteur" métallique, cylindre tournant contre une lame d’acier, équipée de vis de réglage, qui appuie plus ou moins sur ce cylindre et laisse passer un film d’encre, un preneur, rouleau qui viendra "prendre" l’encre juste nécessaire à l’impression de deux feuilles, et la déposer sur une petite table métallique qui vient reposer sur deux rouleaux qui vont transférer l’encre à l’élément suivant. Cet élément de distribution avec une grosse table métallique entrainée par engrenage, avec en dessous des rouleaux touchant à leur tour des tables de distribution métalliques, animées d’un mouvement de va-et-vient latéral, une de chaque côté, pour égaliser et répartir l’encre de manière uniforme, tables qui alimentent les quatre rouleaux "toucheurs" qui vont encrer la surface des clichés. Le système d’encrage est donc composé d’éléments métalliques intercalés de rouleaux en polyuréthane (autrefois ils étaient en pâte de gélatine animale, de gomme arabique et de glycérine). Bien entendu, la machine arrêtée a été dépouillée de ses meilleurs rouleaux par les équipiers des rotatives voisines. Ces rouleaux en polyuréthane, matière souple et "amoureuse" de l’encre, avec le temps se ramollissent et finissent par "couler" en matière visqueuse : il faut donc les remplacer par des rouleaux neufs. Ces rouleaux sont toujours trop longs, il faut les recouper, facilement avec une lame de scie à métaux, en ajoutant de l’huile pour que la lame glisse, en enlevant avec une lame tranchante la partie en trop, et en finissant par faire un chanfrein, aux ciseaux, à leurs extrémités. Les rouleaux toucheurs doivent être équipés de galets de même diamètre que le rouleau, ces galets fixés sur l’axe, roulant sur les bandes de roulement situées de chaque côté du cylindre cliché et à la hauteur de la surface imprimante. Ces galets, s’ils sont bien choisis (ils peuvent avoir différents diamètres de 46, 46,5, 47, 47,5 48 mm et plus), empêchent les rouleaux de "plonger", c’est-à-dire d’encrer les parties inférieures du cliché, et permettent d’avoir un encrage correct de la "forme". Les éléments d’encrage équipés sont posés les uns sur les autres sur le bloc des cylindres clichés, chacun avec sa couleur d’encre dans l’encrier. Les rouleaux ont été encrés à la main au contact du ducteur pour accélérer la répartition de l’encre dans le bloc.

Tous les éléments sont en place, le papier est tendu. La machine est mise en route. On vérifie que papier est suffisamment tendu, que l’encrage se régularise, on peut commencer à mettre progressivement en pression les blocs d’impression. A la première centaine, on vérifie que le numéro 01 est bien au-dessus au décalage du tapis, sinon il faut ajuster, que le perforage est correctement placé par rapport à la coupe et au milieu de la feuille, sinon ajustage de la position pour le réglage latéral et par réglage des vis sur la couronne d’entrainement. Toutes les pressions sont mises et il faut aligner les couleurs latéralement, d’abord le cadre par rapport au perforage, il faut le centrer, puis les autres couleurs, bloc par bloc, avec une manivelle qui agit sur le déplacement du bloc sur le bâti de la machine, par rapport au cadre. En hauteur, rien n’est encore en place. En dévissant les vis sur la couronne d’entrainement, on peut faire tourner le cliché du cadre et le positionner approximativement par rapport au perforage. Le réglage plus fin sera fait avec la "clé à mouvement" qui agit sur un dispositif qui fait tourner le cylindre de quelques dixièmes de millimètres. Les couleurs seront ajustées une à une par rapport au cadre du timbre.

Il est exceptionnel que tous les timbres aient leurs couleurs exactement en place. Il faut faire appel au service "Galvano" pour les ajuster, faire le "registre". Pour chaque couleur et pour chaque bande de timbres des deux feuilles au tour, il faut vérifier et ajuster la position en déplaçant la bande de cliché fixée par des vis. La bande de cliché galvanique est doublée en plomb, métal malléable, et permet en tapant sur son côté de la déplacer dans le sens voulu par rapport au trou de la vis qui la maintient sur le cylindre. Le trou s’ovalise, mais en tapant sur le métal, on rebouche du côté opposé et on resserre la vis. Tous les déplacements nécessaires seront faits ainsi jusqu’à obtenir un repérage des couleurs satisfaisant. C’est un travail minutieux et assez long où il faut souvent recommencer l’opération après chaque nouvelle vérification. L’ajustage final des couleurs est validé par le chef de service.

Il faut régler chaque couleur en serrant ou desserrant les vis de réglage qui appuient sur la lame de l’encrier pour avoir une épaisseur d’encre suffisante sur le ducteur et obtenir un encrage uniforme et régulier, régler la durée du contact du preneur pour avoir la quantité d’encre nécessaire et avoir la bonne couleur identique à la feuille modèle.

Les couleurs sont bonnes et en place, le perforage aussi et le "Bon à rouler" est signé. Le tirage peut commencer. Toutes les feuilles avant la feuille signée seront retirées et détruites. Les feuilles fautées à chaque début et fin de journée (la machine est vidée des feuilles imprimées pour ne laisser que des blanches), à chaque changement de bobine ou casse de la bande de papier, seront séparées et indiquées sur la fiche suiveuse de chaque paquet de 1000 feuilles. Elles seront détruites. Pour les petits incidents, arrêts pour essuyage des "pétouilles", anneaux de lune (les picots enlevés par le perforage peuvent voler et venir se coller sur la "forme" et, par la différence de pression, provoquer le phénomène), les feuilles fautées sont remplacées par celles de la "valise" (paquet de 200 feuilles bonnes comptées et vérifiées par le service "Vérification") où le numéro de la feuille est remplacé avec un numéroteur tampon à main qui barre en même temps l’ancien numéro. Les feuilles coupées sortent sur le tapis de réception qui se décale toutes les 100 feuilles, où elles sont ramassées et rangées sur la pile pour obtenir un paquet de mille feuilles de timbres qui seront sanglées entre deux cartons. Chaque soir, sera expédiée la production journalière qui attendra le lendemain pour y être comptée, après séchage de l’encre, par les vérificatrices. Le "cocher", responsable de la machine, s’informera de la quantité de bonnes produites, pour savoir la quantité restant à imprimer jusqu’à la fin du tirage.

1 commentaire:

  1. bonjour Papy,
    d'abord, félicitations pour votre blog qui me permet d'avancer dans ma connaissance de l'impression en typo rotative.
    mais je me pose toujours une question, quelle différence y a t'il entre mise en train et feuille de passe?
    encore bravo pour votre blog!

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