Le premier timbre-poste en taille-douce français a été imprimé sur une presse à bras, le cliché plat encré et essuyé à la main. Le poinçon original gravé sur une plaque d’acier a été durci. Une molette avec l’empreinte en relief a servi à multiplier les 50 reproductions de la gravure sur une plaque de métal.
Le papier était humidifié avant l’impression sur la
presse à bras, puis gommé et perforé comme pour les timbres imprimés en
typographie à plat.
Presses à bras
taille-douce
Il est surprenant que les philatélistes aient distingué 3 types différents sur la même feuille alors que c’est la même roulette de transfert qui a été utilisée. Ces « variétés » sont probablement dues à la main de l’ouvrier qui a vidé plus ou moins les tailles de la gravure en essuyant la plaque.
3 timbres avec les 3 "types" distingués
Toutes ces opérations étaient lentes et délicates, ce
qui a décidé les responsables à investir dans du matériel plus rapide. Il a été
fait appel à la Maison Chambon, constructeur de la rotative typographique.
La première presse rotative taille-douce française
fut mise en service en 1929.
Le premier timbre imprimé sur cette machine est le
timbre « La Rochelle » à partir du 22 mars 1929 :
Le cylindre cliché a été produit d’après le poinçon
durci, en utilisant une molette transfert durcie à son tour, sur une presse à transfert de ce type :
L’impression se fait directement sur du papier gommé, en bobine, le numéro de feuille et la date sont imprimés, une bobine de papier anti-macule est déroulée et la perforation est faite « à la volée » sur la machine, les feuilles de timbres sont coupées avant d’être déposées à la sortie de la rotative.
L’encrage est monochrome, l’encre est déposée avec un
rouleau, l’essuyage est fait par une raclette et des bandes de chiffons. Voici
comment est décrit le fonctionnement par M. Pouget, adjoint au Directeur de
l’Atelier des Timbres-Poste en 1938 :
Après avoir fait breveter un nouveau système
d’essuyage, M. Serge Beaune contribue à l’amélioration, et le 2 mars 1939, avec
trois rouleaux encreurs découpés, la rotative TD3 est née :
Des améliorations
seront apportées, commandes électriques, aspirations des vapeurs de
trichloréthylène, ou une virole monobloc remplaçant les 3 coquilles clichés.
Coquille clichés de TD3 (Doc. ITVF)
Rotative taille-douce 3 couleurs « Chambon » en 1947
Ces rotatives TD3, simples et
robustes dans leur principe, mais délicates dans leur conduite, serviront
jusqu’au 13 juin 1997, remplacées progressivement par des rotatives plus
rapides, les TD6 Chambon.
En 1960, apparait la première
presse taille-douce 6 couleurs « Chambon ». Voici la description faite dans son livret par
M. J. Ginéfri, directeur de production à l’Imprimerie de Boulazac :
« La première machine de ce type, mise en
service en 1960, comporte deux éléments d’impression pouvant imprimer chacun
trois couleurs. L’un est un élément report utilisant la technique de l’offset,
c’est-à-dire que le cylindre cliché n’est pas en contact direct avec le papier
mais avec un cylindre en matière plastique qui reporte sur le papier,
l’impression qu’il reçoit lui-même. Cette phase d’impression est appelée
taille-douce indirecte ou taille-douce report ; elle exige que le cliché
présente une gravure à l’endroit. C’est en raison du risque de maculage pouvant
résulter de la superposition de deux impressions en taille-douce,
essentiellement caractérisées par un relief, que le principe du report est
appliqué en premier lieu. Le deuxième élément de la machine est un élément
taille-douce directe analogue à celui de la rotative 3 couleurs. »
Rotative
taille-douce 6 couleurs (Doc. ITVF)
Impression taille-douce report
(Doc. ITVF)
Sur la même
base, d’autres rotatives sont construites, mais avec un seul élément de 3
couleurs, celui de la taille-douce directe. Le séchage de l’encre est assuré
par un tunnel à éléments infra-rouge, le papier anti-macule disparaît, le
perforage est repéré par un dispositif électronique.
Des presses
à grand rendement ont été utilisées comme la presse « Roto Color
Stamp », avec 8 feuilles de 100 timbres-poste au tour de cylindre :
RCS ou RGR1 (Doc. ITVF)
Ou cette rotative RGR2 :
RGR2 (Doc. ITVF)
Ou bien cette presse
« Epikos » avec comme clichés des plaques galvaniques et un essuyage
par une bande de papier :
Essuyage des
plaques (Doc. ITVF)
Presse
« Epikos » (Doc. ITVF)
Il est utilisé pour les
impressions offset – taille-douce, une presse taille-douce à feuille avec une
possibilité de 4 couleurs, la PTD4 qui imprime sur des feuilles déjà imprimées
en offset, comme ce premier bloc feuillet :
PTD4 à feuilles (Doc. ITVF)
félicitation pour toutes ces explications très claires et abordables par tous
RépondreSupprimersincèrement
Dominique Hardy