Pour les carnets fermés "modernes", il était utilisé une confectionneuse. Il y en a eu 3 types différents.
La machine à confectionner les carnets est un bâti métallique supportant divers éléments :
- Le porte-bobine de la couverture (bobine de papier cartonné de 144 mm de large)
- Le système d’appel et de marge de la bande, le dispositif d’impression flexographique avec encre aniline avec impression de la couverture et de l’indice de collationnement, avec système d’avance ou retard de l’impression par le dispositif électronique
- Deux porte-bobine des deux bobines de timbres (la bobine a été refendue après l’impression des timbres sur la rotative TD-6, contrairement la bobine n’est pas refendue pour la confectionneuse 9)
- Les deux systèmes d’appel des bobines de timbres, avec dispositif d’appel et de marge, avance et retard électronique sur la deuxième bobine
- Les dispositifs de pliage des deux bandes de timbres
- Le dispositif de pliage de la couverture avec dépose de la colle sur le coté suivi de l’insertion des timbres à l’intérieur
- Les roulettes d’appui pour fermer le collage, l’entrainement vers la sortie et le dispositif de coupe des carnets collés
- Le tapis-roulant de réception des carnets coupés.
Que ce soit pour les carnets de 5, 10 ou 20 timbres, le principe est simple et complexe à la fois et consiste à entrainer 3 bandes de papier (2 bandes de timbres perforés et la couverture) à la même vitesse de défilement et de les faire coïncider à la coupe du carnet. Le système est piloté par l’électronique qui régule par avance ou retard 3 différentiels pour aligner la vitesse de la couverture, la correspondance des deux bandes de timbres (la pilote et la nappe) et la coupe du carnet à l’emplacement du perforage, par rapport à la bande pilote de timbres après une lecture optique du perforage.
Mais l’électronique a des limites et ne fait pas tout. Le réglage est délicat car les bandes de timbres perforées sont fragiles et cassent très souvent si la tension d’appel n’est pas régulière ou trop forte. L’hygrométrie joue aussi son rôle dans l’allongement du papier, si faible soit-il. C’est pourquoi il suffisait d’une bande d’adhésif sur un cylindre d’appel ou d’un élastique pour augmenter la pression et augmenter le débit. Les confectionneuses n’auraient jamais pu fonctionner sans "scotch" et sans élastiques.
Le collage du carnet se fait par une dépose de colle industrielle plastique avec une roulette rainurée qui dépose ainsi 3 filets de colle pour fixer les deux bandes décalées des timbres et assurer la fermeture du carnet.
(Document ITVF)
La réception des carnets se faisait sur un tapis-roulant à la sortie de la machine, et l’équipier assis au "recevage" ramassait les carnets par 50 et mettait un élastique autour. La difficulté était d’aller suffisamment vite pour éviter que les carnets tombent au bout du tapis-roulant. Pas question de les compter : on avait pour cela l’indice de collationnement qui permettait de voir d’un seul coup d’œil s’il n’en manquait pas et de trouver l’emplacement de la bonne dizaine. La production était environ 70 000 carnets par jour.
(Document ITVF)
Les bobines de timbres imprimées en TD6 comportaient naturellement les fautées de l’impression qui étaient signalées sur la fiche suiveuse, avec leurs numéros de début et de fin, il fallait donc surveiller ces numéros et en cas de manque d’attention, ces carnets ne pouvant être vérifiés par la "Vérif", il arrivait que ces carnets fautés parviennent aux bureaux de Poste avec des défauts d’impression ou des manques d’encre ou un séchage insuffisant au démarrage de l’impression et un maculage des timbres à l’enroulement de la bobine, d’où de l’encre et du phospho au dos des timbres, pour le grand bonheur des philatélistes. Les carnets fautés à la confection étaient mis à part et éliminés. A part ceux considérés comme bons mais qui étaient mal coupés, (timbres sans dents) ou avec une impression défectueuse de la couverture, mal imprimée à cause de la détérioration du cylindre plastique d’impression qui s’usait par le frottement de la couverture.
Il y avait deux types de confectionneuses : la 1 et la 2 étaient différentes dans leur conception et encore plus difficiles à "maîtriser" et ont été abandonnées après un dernier essai sur le carnet 5 TP "Marianne de Béquet" (1816-C 1) après leur transfert à Boulazac et la poursuite de la confection sur une autre machine.
(Document ITVF)
La confectionneuse 9, plus récente et moderne, était différente. Les bobines étaient directement refendues sur la machine et le collage se faisait avec de la colle thermo-fusible. L’impression pouvait être bicolore et l’indice de collationnement était dans le sens de la coupe. La couverture n’était pas pliée mais collée des deux cotés. La production était plus du double des autres machines.
Superbe papier sur les carnets fermés, j'en avais eu la primeur il y a plusieurs mois. Mais c'est toujours avec plaisir que je le revois.
RépondreSupprimerMerci et @+
Edouard